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Avec New Grove, l’île Maurice (re)découvre le rhum

Longtemps vouée au sucre et à l’alcool industriel, cette île de l’océan Indien ne s’est remise à la production de rhums de qualité que depuis une dizaine d’années. La distillerie Grays et sa gamme New Grove y sont pour beaucoup. En matière de rhum, l’île Maurice a longtemps constitué un cas paradoxal. Son sol fertile, en raison de ses origines volcaniques, et son climat tropical humide en ont fait de longue date un paradis pour la canne à sucre, cultivée dès le XVIIIème siècle par les colons français. On comptait ainsi 37 distilleries en 1878, dont le débouché principal était Madagascar et plus généralement l’Afrique.

L’Affaire des Rhums 1918-1921

L’arrière-arrière-grand père d’Alexis Rivière, Ivrin, était déjà producteur de sucre sur l’île de la Réunion en 1923, à la tête de plusieurs domaines caniers. Son fils, René Payet, assurera le développement et l’optimisation techniques jusqu’en 1956 et son petit-fils Maxime en fera le premier producteur sucrier de l’île à travers le Groupe Quartier Français, un fleuron de l’industrie agro-alimentaire national. Le groupe a aujourd’hui été cédé et Alexis a néanmoins décidé de poursuivre l’aventure familiale en revenant aux sources de la culture de canne et de son exploitation et transformation directes. Il souhaite alors relancer le galabé, ce sucre épice entièrement naturel, sans colorant, sans conservateur ni aucun additif. Il se plonge dans les archives familiales et rencontre des anciens pour retrouver les recettes et techniques d’époque. Il lui faut alors plusieurs mois d’essai avant de pouvoir présenter ses premiers 50 kg en automne 2014.

UNE HISTOIRE ET UN LIEU : LE DOMAINE DE BEL AIR À LA RÉUNION

Le galabé est en réalité une confiserie locale et paysanne confectionnée à l’origine au feu de bois dans les arrière-cours des fermes. Après avoir disparu durant plusieurs décennies, le voici ressuscité sur les terres volcaniques du Domaine de Bel air à Sainte Suzanne, au Nord-Est de l’île de la Réunion. C’est en effet l’une des plus anciennes propriétés de l’île, fondé au milieu du XIXème siècle et racheté par Ivrin Rivière en 1923. L’exploitation s’étend aujourd’hui sur près de 200 ha conduits en agriculture raisonnée.

UNE TECHNIQUE : UN SUCRE NATUREL COMPLET

Pour fabriquer le sucre galabé, on n’utilise que le jus issu de la première presse de la canne. Ici, les cannes à sucre sont exclusivement coupées à la main puis pressées dans un petit moulin. Le jus est ensuite légèrement filtré avant de subir une cuisson lente, dans un ancien four à pain. Le sucre est enfin oxygéné et moulé. On obtient alors de véritables pains de sucre ou lingots cireux que l’on peut découper en copeaux à l’instar du parmesan. On peut aussi en faire du sirop de canne liquide, on est alors dans l’esprit d’une confiture de canne à sucre. Le galabé est composé à 65% de saccharose (con

Rhumerie Chamarel : en quête de perfection

Que les rhums de Chamarel fassent de plus en plus parler d’eux n’a rien d’étonnant. Bien que de création récente (2008), la distillerie est un petit bijou d’ergonomie et d’élégance. A mi-chemin entre le temple thaïlandais et le mas viticole provençal tout semble y avoir été anticipé pour fournir le meilleur accueil et produire le meilleur rhum.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : John George

Master Distiller d’Angostura, Trinidad. Angostura emploie la distillation continue un utilisant jusqu’à cinq colonnes pour produire nos rhums légers : nous avons la colonne à vin/bière (wash column), un hydosélecteur, une colonne à rectifier, une colonne de récupération et la colonne finale.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : Joy Spence

Master Blender d’Appleton, Jamaïque. Chez Appleton, nous utilisons aussi bien la colonne que l’alambic. Nos rhums coulent à 96% à la sortie de la colonne et à 86% à la sortie de l’alambic. L’alambic est la méthode traditionnelle de distillation depuis la création du rhum. Cette distillation en petites cuvées est considérée comme un art.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : Grégory Vernant

Directeur de la distillerie Neisson, Martinique. Nous utilisons une colonne de distillation en cuivre de type Savalle de 1952 avec 15 plateaux d’épuisement et 5 plateaux de concentration. Son débit est de 8000 litres de vin par heure et nous recueillons le rhum à 73%. La colonne est là pour sublimer une bonne fermentation, l’essentiel reste donc la matière première soit la qualité de la canne.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : Les Maitres Rhumiers de Brugal

Brugal, République Dominicaine. Notre appareil distillatoire consiste en deux colonnes de distillation. La première, appelée colonne d’épuration, sépare les alcools du reste du moût. Près de son sommet, on y extrait les vapeurs alcooliques dont une partie retourne dans cette même colonne pour créer du reflux tandis que l’autre est condensée pour redevenir liquide.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : Tito Cordero

Master blender de Diplomatico, Venezuela. Nos systèmes exclusifs de distillation ont une importance prédominante dans l’origine de la qualité de nos rhums, étant donné que la distillerie la plus polyvalente au Venezuela et l’un des plus polivalentes des Caraïbes.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : Virginie Poupeville

Responsable de la Qualité chez Bellonie et Bourdillon Successeurs (La Mauny, Trois Rivières et Duquesne), Martinique. Contrairement aux idées reçues, la distillation continue en colonne permet d’assurer un fractionnement efficace. Les composés les plus lourds sont en effet renvoyés dans la colonne après condensation d’une fraction de la vapeur de tête effectuée par le chauffe-vin.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : Marc Sassier

Responsable de la production de Saint James, Martinique. Même s’il est d’usage de séparer la colonne de l’alambic, la colonne est également un alambic, il faut séparer la distillation continue de discontinue. Chez Saint-James, nous travaillons le rhum agricole A.O.C. sur des colonnes créoles.

Distillation : colonne ou alambic ? Paroles d’experts : Olivier Couacaud

PDG Rhumerie Chamarel, Maurice. Nous avons 3 appareils à distiller, à savoir une colonne de type Barbet toute en cuivre (la colonne d’épuisement contient 24 plateaux et la colonne de concentration 8 plateaux) et deux alambics en cuivre de 20HL chacun, l’un est à col de cygne (type cognac) et l’autre est surmonté d’une colonne de concentration de 7 plateaux (type armagnac).