Entretien avec Loïck Peyron, funambule des mers

Il les a toutes faites ou presque. Loïck Peyron, funambule des mers, c’est à nouveau lancé dans l’aventure de la légendaire Route du Rhum. Contre toute attente, il a d’abord décidé de rendre hommage à la voile classique en se qualifiant avec le même bateau jaune que le vainqueur de la première transat en solitaire française en 1978, Mike Birch, qui lui a tant appris. Une course sans ambition à part celle de se faire plaisir. Mais suite à l’accident d’Armand Le CLéac’h, le voici reparti dans une autre aventure avec un seul objectif en tête : la victoire.

A près de 55 ans, il a décidé de relever le défi et de faire parler son expérience, « ses cheveux blancs » comme il le dit lui-même. Cet entretien a été réalisé cet été avant ce changement de cap radical ô combien révélateur de son plaisir de la voile, entre deux sessions de travail diamétralement opposées, l’une sur un multicoque des années 70, l’autre sur la Coupe de l’America, projet ultramoderne auquel participent 120 personnes. Mais ce projet « rétro » n’est pas abandonné, il n’est que reporté pour 2018 !

Loïck Peyron

Alexandre Vingtier : Quelle est l’importance de la Route du Rhum dans le monde de la voile ?

Loïck Peyron : La Route du Rhum, c’est toute une histoire. Son nom évoque les corsaires, les flibustiers, les infâmes marins anglais sur lesquels on tire à boulets rouges… On part en hiver de Saint Malo pour arriver sous le soleil de Guadeloupe, donc ça fait rêver tout le monde, ça embellit les mois de novembre tous les quatre ans. Mais la route du rhum est avant tout la réponse française aux transats anglaises, une transat un peu plus libertaire car les Anglais ont eu peur du gigantisme dans les années 1970 : on a vu des bateaux de 72 mètres et ils se sont alors limités à 18m. D’entrée de jeu, elle a marqué les esprits car il s’y passe toujours plein de choses que même de grands scénaristes auraient du mal à imaginer.

C’est la première victoire d’un multicoque sur un monocoque, ce petit bateau tout jaune face à un grand, la disparition aux larges des Açores d’un grand marin français Alain Colas (ndlr : premier marin à réaliser un tour du monde à la voile en solitaire et en multicoque), la révélation d’un jeune marin féminin Florence Arthaud… Toutes ces histoires ont permis de toucher un public très large. Il est vrai que la France est un pays bien nourri par ces transats depuis 50 ans, essentiellement en solitaire. On s’y intéresse tout particulièrement en France depuis Tabarly en 1964, parfois au détriment des autres moyens d’expressions nautiques. 

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