L’édito d’Alexandre Vingtier : Que nous réserve 2018 ?

Essayons de répondre à cette grande question de début d’année…

Alexandre Vingtier

Réponse facile ! Pléthores de nouveautés, nouvelles marques, nouvelles cuvées ou éditions limitées, des affinages inédits… merci aux producteurs et aux négociants, c’est devenu une évidence et c’est tant mieux, ne boudons pas notre plaisir car il y a encore une décennie on tournait gentiment en rond même si l’on pressentait l’effusion actuelle. Voilà la preuve indéniable du dynamisme du rhum sur le marché français, européen et international même si globalement les volumes de la catégorie risquent de stagner pendant les prochaines années.

La décennie 2000 a vu une croissance démesurée de 40% de la catégorie à l’échelle mondiale, en grande partie grâce aux cocktails, un mode de consommation largement promue par la compétition encore Bacardi et Havana Club sur tous les continents ou presque. Mojito et Cuba Libre ont les reins solides ! La décennie 2010 a démontré à la fois une tendance durable, une premiumisation et une démultiplication des acteurs sur le marché avec le développement de la dégustation et donc une prime à la qualité sur la quantité. D’autres catégories ont investi le marché des cocktails alors le rhum s’est invité de plus en plus chez les cavistes. Les rhums qui intéressent les consommateurs ne sont plus nécessairement les plus festifs qui vendent des millions de caisse mais aussi les cuvées limitées voire les fûts uniques et les nouvelles origines comme Tahiti ou la Nouvelle-Calédonie et bientôt l’Afrique du Sud.

On assiste même à l’émergence à l’export de nouvelles catégories d’eaux-de-vie de canne, fières de leurs spécificités et qui n’ont donc pas envie de se transformer en rhum avec la cachaça artisanale brésilienne et parfois vieillis en bois amazonien en tête, suivi du clairin haïtien, de la charanda mexicaine, des cañazos péruviens, du grogue capverdien, du rhum agricole de Madère, de l’arak indonésien ou du kokuto shochu japonais. Et à l’inverse apparaissent des productions métropolitaines, le continent européen comptait plus d’une cinquantaine de distilleries productrices de rhum, même si cela reste à petite échelle. Qui aurait cru aux rhums écossais ou parisiens ? Les Allemands proposent depuis peu des rhums issus de mélasses de diverses origines : Panama, Inde, Colombie… Plus d’exotisme et en parallèle davantage de proximité.

Les berceaux du rhum se doivent d’innover, toujours plus vieux, plus complexes en investissant dans les fûts mais aussi en plongeant dans leurs racines, leurs terroirs avec des mono-cannes, des cuvées parcellaires, des rhums bios… ou alors se mobilisent, souvent avec le soutien de partenaires étrangers, pour mieux mettre en place leurs marques comme la Barbade, la République dominicaine et dorénavant la Jamaïque. Aussi ils mettent de mieux en mieux en scène leur outil de production et deviennent des acteurs majeurs dans la promotion de leurs territoires à l’international : la Martinique met tout en œuvre pour devenir la capitale mondiale du rhum !

Heureusement nous serons là, sur le terrain chez les producteurs, auprès des barmen et des cavistes, et bien sûr dans les salons pour couvrir cette actualité toujours plus foisonnante. Nous entrons dans notre cinquième année d’existence déjà, merci à nos lecteurs et aux producteurs qui nous soutiennent depuis le début. Toute l’équipe de Rumporter se joint à moi pour vous souhaiter une excellente année 2018 !

 

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