La fin d’année et Noël sont traditionnellement LE moment où les ventes de rhums vieux et autres cuvées haut de gamme explosent. A l’heure de biffer des noms de rhums sur la liste adressée au Père Noël, nombreux sont les amateurs qui vont probablement indiquer des distilleries antillaises, sud- américaines ou jamaïcaines. Chez Rumporter, nous vous proposons une alternative, ou plutôt un choix supplémentaire, en portant un coup de projecteur sur les rhums vieux… de la Réunion.
Quand il est question de rhums vieux, la Réunion n’est pas la destination qui nous vient spontanément à l’esprit, tant l’image de marque de ses rhums est avant tout accolée à la marque Charrette et aux arrangés.
Pour rappel, la Réunion produit à 98% du rhum traditionnel de mélasse, à 96% du rhum blanc, dont 80% sont trustés par Charette, qui est lui- même un blend des rhums des trois principales distilleries de l’île : Savanna (50%), Rivière du Mât (42%) et Isautier (8%).
Et pourtant, ce département d’outre-mer produit certains des meilleurs rhums vieux qu’il nous a été donné de goûter ces dernières années.
Du chêne français, un style cognaçais, pas d’ajouts
Je vois déjà certains amateurs un peu trop ‘éclairés’ tordre le nez à l’évocation de rhums de mélasse. Or, nous ne cessons de le dire et de l’écrire chez Rumporter, il y a de par le monde d’excellents rhums de mélasse, notamment vieillis, et la Réunion ne fait pas exception.
Déjà, selon l’Indication Géographique Rhum de la Réunion, cette mélasse doit être produite localement et non importée. Ensuite, le rhum de mélasse réunionnais est un rhum lourd, puissant, aromatique, très éloigné des rhums légers de style espagnol, mais plus classique que les rhums jamaïcains.
Contrairement aux idées reçues, il se boit notamment très bien en ti-punch. Mais aussi bien sûr, vieilli ! “Les rhums de la Réunion se caractérisent par une rondeur, mais aussi des notes très fraîches qu’il faut essayer de garder lors du vieillissement, explique l’oenologue- conseil Christian Vergier, qui a présidé à la (re)naissance de la gamme de rhums vieux de Rivière du Mât.
Que ce soit chez Rivière du Mât, Isautier ou Savanna, le choix a été fait de privilégier le chêne français, et le plus souvent des ex-fûts de cognac. Des techniques héritées du cognaçais ont aussi été apportées par des intervenants ayant fait leurs armes à Cognac, ou s’en inspirant.
De plus, les producteurs de rhums de la Réunion déclarent tous ne pas ajouter d’édulcorant ou de colorant dans leurs rhums vieux. Les trois principales distilleries, s’approvisionnant en mélasse auprès des deux sucreries de “l’île intense” (la sucrerie de Bois Rouge au nord, et la sucrerie du Gol au sud), il est toutefois difficile de parler de rhums de terroirs comme on l’entend pour les rhums agricoles martiniquais ou guadeloupéens.
On n’y trouvera pas (en tout cas pas pour l’instant) de rhums parcellaires ou monovariétaux. Cependant les rhums millésimés, ou n’affichant qu’un seul compte d’âge (par exemple 5 ou 10 ans) dans l’assemblage, ainsi que les single casks ont fait leur apparition depuis une vingtaine d’années.