La culture de la canne à sucre peine à se développer sur l’île, malgré le beau succès de son rhum AOC. La canne entre en concurrence frontale avec l’urbanisation, tandis qu’elle s’accommode du tourisme et de la culture de la banane.
La Martinique va-t-elle bientôt manquer de canne ? La question peut paraître curieuse tant le succès du rhum agricole martiniquais, fait à partir de la canne à sucre donc, est grand. Elle est pourtant moins saugrenue qu’il n’y paraît. Car la canne manque de place ! La Martinique est une île de 1 128 km2 sur laquelle vivent quelques 385 000 habitants, soit une densité de population d’environ 341 habitants au kilomètre carré, contre 99 en moyenne dans toute la France. L’île est de plus très montagneuse, les plaines agricoles sont peu étendues et parsemées de petits monts appelés mornes. Ce qui limite de fait l’étendue des champs de canne.
« Au Brésil, vous trouvez des champs de 10 000 hectares de canne, alors que dans le Sud de la Martinique je peux compter sur des champs de 10 à 20 hectares, explique Nathalie Guillier-Tual, la présidente du groupe BBS, qui détient les marques Trois Rivières, Maison la Mauny et Duquesne. Nous avons même des contrats avec des petits planteurs qui exploitent seulement un demi-hectare. » Si bien que la surface plantée en canne, même si elle ne baisse plus, peine à s’accroître (la canne a presque disparu dans les cantons de la côte caraïbe et du nord de l’île et le nombre d’hectares planté n’a eu de cesse de diminuer depuis les années 1960, ndlr). « Les plantations de canne à sucre se sont stabilisées à 4000 hectares, mais dans les années à venir, ça va repartir à la hausse car il y a des terres en jachère », veut croire Charles Larcher, le président du Coderum, le Comité martiniquais d’organisation et de défense du marché du rhum créé en 1960.
Mais s’il y aura bien une remontada de la canne dans les années à venir, elle sera probablement timide, tant les obstacles sont nombreux.