Rencontre Benjamin Rousseaux, le « Food Doctor » de Rumporter !

Benjamin Rousseaux est embarqué dans l’aventure Rumporter depuis le début et fait partie de ces êtres passionnés qui donnent tout et qui nous ont permis de d’exister. Il nous fait partager sa passion pour la cuisine, ses recettes à base de rhum, et ses explorations culinaires.

L’évolution de son travail photographique, ses créations, les Mondes de Merlin, les Masques… tous comestibles, jouant des ingrédients qu’il manipule chaque jour et à travers lesquels il nous fait basculer dans un monde totalement irréel, un peu effrayant parfois. Une vision du monde étrange et fascinante. Pour ce numéro, nous lui avons demandé de travailler la canne à sucre et avec ses Masques d’inspiration vaudou, il nous emporte un peu dans l’au-delà… Benjamin, à la culture métissée, artiste et chef lumineux de créativité, diversité et générosité, nous emmène dans des lieux parfois sombres. Mais qu’a Benjamin Rousseaux dans la tête ? Il nous en parle. Benjamin « Food Doctor », un être à part, comme on les aime, à découvrir tout de suite.

Bonjour Benjamin, tu es notre chef depuis les débuts de Rumporter. Tu crées pour nous des recettes à base de rhum et tu réalises aussi les photos culinaires de celles-ci : raconte-nous ton parcours et parle-nous de la cuisine, qui semble être une véritable passion.

J’ai commencé par prendre goût à la cuisine tout simplement en regardant les membres de ma famille, bercé entre cuisine créole, malgache et française. J’ai encore les parfums présents dans le nez et les bruits des cocottes minutes qui sifflent. Mes débuts dans ce métier sont classiques, CAP, BEP et BAC pro de cuisinier dans un lycée hôtelier sur l’île de la Réunion. Par la suite, je me suis dirigé vers la pâtisserie quelques temps et j’ai aussi fait des saisons dans le sud de la France ou encore barman à la Martinique. Au cours de ces nombreuses années dans la restauration (30 ans), la véritable passion pour mon métier s’est révélée à partir du moment où j’ai commencé à travailler avec des chefs étoilés car ils m’ont enseigné la rigueur, l’amour du travail bien fait, l’esthétisme d’une assiette et la curiosité mise au service de la créativité.

Combien de temps as-tu passé à La Réunion ? Qu’en as-tu rapporté ?

J’ai passé 17 ans sur l’île de la Réunion. J’y suis arrivé à 10 ans en suivant ma mère qui voulait se rapprocher de ses origines étant donné qu’elle-même et toute sa famille est native de Madagascar et des pays qui bordent l’Océan indien. J’ai eu une enfance inspirée de volcan en éruption, de marchés colorés aux senteurs exotiques. Ma première expérience avec le rhum s’est faite à la Réunion, malheureusement le rhum à cette époque n’était pas encore travaillé et développé comme aujourd’hui et c’est au cours de mon expérience de barman en Martinique que j’ai pu découvrir le rhum par son histoire, sa réalisation et toute sa diversité. Il est devenu depuis une passion dévorante.

A quel moment et comment la photographie est-elle arrivée dans ta vie ?

J’ai découvert la photographie culinaire il y a cinq ans, suite à des projets vidéo et photos que je faisais avec un ami qui m’a donné l’envie de photographier moi-même mes propres plats. J’ai reçu mon premier reflex pour mon anniversaire et je me suis mis petit à petit à prendre mes assiettes en photos mais aussi capter l’esthétique naturelle des produits en les mettant en scène.

Depuis, tu as donc fusionné ces deux passions…

La symbiose entre mon métier et mon art vient tout simplement du fait que j’utilise exactement la même matière pour les deux disciplines. Le cuisinier aiguise l’artiste et l’artiste nourrit le cuisinier. Il m’arrive aujourd’hui de faire mon marché comme si j’allais cuisiner un menu entier puis une fois dans mon atelier je mets en scène mes ingrédients avant de les cuisiner ou à l’inverse je découvre des associations de saveurs, des mariages de goûts et parfois même des textures que j’utilise ensuite pour mon métier ce qui me permet à la fois de travailler mes images avec de la nourriture crue mais encore de la retravailler une fois cuite.

Tes sessions de shooting sont très intenses : deviens-tu « food doctor » ?

« Food doctor » est inspiré du « witch doctor », le chaman en quelque sorte. Quand je pars sur une session de shooting, j’ai l’impression de voyager dans un monde infini mais complètement interne, une introspection afin de pouvoir obtenir un point de vue différent, une recherche de questions et de réponses, une compréhension de moi-même, des autres et du monde qui m’entoure en plongeant dans le profond de l’humain et du monde des esprits.

Tes séries de masques ont beaucoup évolué. Très colorées au début et portés sur l’esthétique des fruits et légumes, ils sont devenus complètement mystiques et la matière alimentaire n’est quasi plus identifiable.

Les masques sont un gros tournant dans ma recherche intérieure et une transition dans mon art, j’exprime une pensée, une émotion et une découverte, ils remettent au goût du jour les questions existentielles grâce à cette matière, l’aliment. Une matière à la fois magique par sa diversité – elle est minérale, végétale et animale – mais aussi un besoin, elle se révèle comme un artefact de l’histoire du monde et de son humanité. Elle est le lien profond entre tous les humains. Nous mangeons tous ! Quand je travaille, je commence par porter de la lumière sur une œuvre restée dans l’obscurité et j’en observe les différentes facettes que la lumière me révèle et je photographie à ce moment-là. Les découvertes multiples et infinies poussent à se poser toutes les questions profondes et de toutes les remettre en doute afin de recréer une nouvelle mythologie, affiner les croyances et replacer des piliers spirituels en me fiant uniquement au schéma de la nature telle qu’elle est, de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Nous nous nourrissons de tout et au-delà de l’aliment. Je suis ce que je mange, je mange ce que je suis et même au sens plus large du terme.

Après les masques, as-tu de nouvelles « visions alimentaires » ?

Je perçois aujourd’hui l’alimentation comme un échange étroit et mystique avec notre environnement, quelque chose que l’on fait entrer dans notre corps sous quelque forme que ce soit et qui nous donnent de l’énergie. Nous ne mangeons pas que du solide, on y retrouve même les quatre éléments (la terre, l’eau, l’air et le feu), je commence donc maintenant à imaginer comment travailler avec l’élément liquide. Actuellement je me tourne vers des œuvres plus picturales, inspirées du schéma des mandalas, toujours en continuant de jouer avec la lumière et l’obscurité mais aussi avec les couleurs pour apporter plus de profondeur et de perspective aux images.

Tes objectifs futurs sont-ils tournés vers la cuisine, la photo ou toujours les deux ? Artiste ou artisan ?

Je suis un jeune artiste et ça devient de plus en plus mon deuxième métier. Mes deux « vies » sont devenues indissociables. Je suis continuellement bombardé d’idées sur comment pouvoir lier les deux dans un projet futur, je continue d’avancer sur les deux terrains en même temps, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre et à découvrir avant de me lancer dans un projet où je pourrais assembler mes deux passions.

 


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Benjamin Rousseaux

Contact : 06 67 46 70 12 – E-mail : poomx@hotmail.fr

Sites : benjaminrousseaux.comlesmondesdemerlin.com

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