Le Bio est-il l’avenir du rhum ? 3 questions à Cyril Isautier

Si les Antilles (Martinique et Guadeloupe), ont pris une nette avance sur la Réunion en matière de rhums bio, cela est dû à l’organisation de la production du rhum sur «l’île intense”.

Cyril Isautier

Les trois grandes distilleries de la Réunion (Savanna, Rivière du Mât, et Isautier) produisent à 95% du rhum traditionnel, à partir de mélasse donc. Cette dernière leur étant livrée par les usines du groupe Tereos, elles ne peuvent pas mettre en place une parcellisation et une traçabilité satisfaisante des cannes à sucre.


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Cyril, pourquoi avoir décidé de convertir des parcelles et de produire un rhum agricole bio ?

Historiquement, Isautier produisait du rhum agricole avant de faire du rhum de sucrerie, et jusqu’en 1987, nous avions notre moulin qui nous permettait de presser nous mêmes les cannes à sucre. C’est donc un retour aux sources et une réappropriation de nos savoir-faire traditionnels. De plus, chez Isautier, nous avons une branche agricole qui produit encore de la canne à sucre sur 300 hectares. Jusqu’à présent 100% des cannes partent à la sucrerie et on récupère le jus pour faire notre rhum agricole. Le projet est donc de monter une microdistillerie avec son moulin, son appareil de distillation et de faire chez nous, notre propre rhum agricole bio.

Combien d’hectares sont concernés ?

Dans un premier temps une dizaine d’hectares seront consacrés au bio (actuellement en conversion) et selon le succès que rencontrera la micro-distillerie, nous augmenterons les surfaces. Pour le moment, nous avons identifié jusqu’à 30 hectares convertibles relativement facilement. Il faut en effet que les parcelles soient à proximité du domaine familial, ensuite qu’elles ne risquent pas d’être polluées par des pesticides épandus sur d’autres parcelles qui sont à proximité et qui ne nous appartiennent pas.

Comment les débuts se passent-ils ?

Pour le moment nous ne rencontrons pas de difficultés majeures, si ce n’est que c’est plus chronophage et que cela demande davantage de main d’œuvre. La tonne de canne coûte donc plus cher à produire qu’en conventionnel, et cela sera répercuté sur le prix final. Nous serons donc sur un rhum d’élite que nous souhaitons fabriquer à partir de mi-2024.

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