Les premières productions de tafia 1639-1654
C’est en 1625 que commence l’implantation durable des Français aux Antilles. Après avoir échoué à s’installer au Brésil, c’est à Saint-Christophe et, dans une bien moindre mesure, du côté de Saint-Domingue que la France s’établit. A cette époque, dans les Petites Antilles, la culture principale est le tabac. Mais ce produit, bien que rentable, ne trouve pas de réels débouchés commerciaux face au tabac brésilien de bien meilleure qualité.
La «Compagnie des Iles d’Amérique » est créée en 1635 sous l’impulsion de Richelieu. Elle est chargée de la colonisation de la Guadeloupe et de la Martinique et, par la suite, des îles comme Sainte-Lucie, Grenade et Saint-Barthélemy. La Compagnie incite les colons à planter de la canne à sucre mais ces derniers tardent à s’exécuter, d’autant que la conjoncture mondiale du sucre est mauvaise.
A la fin de l’année 1639 ou au début de l’année 1640, le premier moulin à sucre de Guadeloupe est construit par Samuel Trezel.
En Martinique, c’est Daniel Trezel, un Hollandais de Rouen, reçoit, le 6 avril 1639, le monopole de culture de la canne à sucre en Martinique pour 7 ans avec interdiction d’y planter du tabac. La même année, en août 1639, de Poincy, lieutenant général des Iles d’Amérique accorde le monopole de la distillation d’eau-de-vie de canne à Saint-Christophe et en Martinique pour dix ans à un certain Monsieur Fague. On ignore l’effectivité de cette autorisation mais il s’agit de la plus ancienne référence de la production de tafia dans les Antilles françaises. En 1640 Daniel Trézel construit le premier moulin à sucre de Martinique qui, selon le Père du Tertre, se trouve à Saint-Pierre.
En 1640, le Père Bouton énonce, en parlant des esclaves : « Ils aiment fort l’eau-de-vie, qu’ils appellent du brusle-ventre ». C’est là, la première référence française de consommation de rhum, dont l’appellation « Brûle ventre » fait échos à l’appellation « Kill-Devil » dans les Antilles anglaises.