Jérôme Ardès, Monsieur Rhum chez Dugas

Pour les 10 ans de votre magazine favori 20 personnalités décryptent les 10 dernières années, et donnent des pistes de réflexion pour les 10 prochaines…

Jérôme Ardès Dugas

Comment le marché du rhum a-t-il évolué au cours des dix dernières années ?

On a vu émerger énormément de nouvelles origines. Il y a encore dix ans, les cavistes n’avaient que quelques cuvées en rayon, plutôt des rhums agricoles. Puis Diplomático est arrivé et a rebattu les cartes, suivi par Don Papa. Puis les rhums d’Amérique centrale sont arrivés à leur tour sur le marché.

Et ça nous a permis de faire entrer de nouveaux consommateurs dans le monde du rhum. Depuis lors, les palais se sont aiguisés et le goût des gens se porte moins sur des rhums sucrés. Les marques se sont adaptées aussi.

Pendant ces 10 ans écoulés, on a aussi découvert les rhums de mélasse, qui était souvent mésestimée comme matière première, et bien sûr le miel de canne. Je pense notamment à Botran ou Fortin.

Et on peut aussi parler des rhums de pur jus de canne qui viennent d’Asie, d’Afrique… Je pense également à tous les dérivés du rhum, tels que les rhums arrangés ou épicés. Et aujourd’hui, chez les cavistes, on est passé de 10 références à 100, 150, 400 !

Comment va-t-il évoluer ces 10 prochaines années ?

Les rhums d’Asie (Vietnam, Thaïlande, Cambodge, Indonésie…) et d’Afrique, vont prendre de l’importance à mon avis. Les rhums blancs agricoles également. Quand je fais une master class chez les cavistes, je débute souvent par ce type de rhum.

Au début, les gens renâclent un peu, mais dès qu’ils goûtent, ils sont à la fois surpris et conquis. Hier soir j’ai vendu 11 bouteilles de la Bête à Feu d’A 1710, sur 12 disponibles chez le caviste où j’étais.

Je pense que les bio, les monovariétaux, les rhums de terroir… vont se développer. Les distilleries anticipent aussi la progression des rhums vieux, ils achètent des fûts, ils construisent des chais…

Quelle est votre actualité ?

Notre actualité c’est quand même le rachat de Dugas par Stock Spirits, un nouvel acteur en Europe de l’Est. Ils ont beaucoup d’ambition. En ce qui concerne le marché français, ils savent que c’est le plus premium au monde, donc les produits vont rester très qualitatifs.

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