Rhum & Développement durable – Éric Eugénie : «Il n’y a pas d’aide pour aider les planteurs à abandonner les phytos”

Éric Eugénie, est Directeur de la SICA (Société d’Intérêt Collectif) Canne Union, en Martinique. La Sica est en quelques sortes le syndicat interprofessionnel des planteurs de canne en Martinique et, à ce titre, un interlocuteur important des producteurs de rhum et un acteur majeur dans la recherche de solutions durables pour la culture dans un contexte rendu explosif par le scandale du Chlordécone.

Eric Eugénie (à droite) avec Olivier Grolleau du CTCS et Mme Nicole Barbe, agricultrice

Rumporter : Quel a été votre parcours avant de prendre la tête de la SICA, créée en fin 2014 et qui regroupe tous les planteurs de Cannes ?

Eric Eugénie : J’ai travaillé sur l’exploitation agricole du Galion pendant 23 ans, et auparavant au centre technique de la canne et du sucre pendant 12 ans. J’ai animé de 1991 à 1993 la CUMA de MALGRÉ-TOUT qui regroupe les petits planteurs du Nord (Trinité Robert) … Disons que je roule ma bosse dans la filière canne depuis 34 ans.

Rumporter : La filière canne fait face à de graves problèmes agro-écologiques, pouvez-vous, pour les lecteurs néophytes en agriculture tropicale, nous décrire les enjeux du désherbage dans un champ de canne ?

E.E. : La canne à sucre en Martinique n’a qu’un seul ennemi, les mauvaises herbes. Des études ont conclu que lorsqu’on ne lutte pas contre ce fléau au moment où la canne a entre 3 et 7 mois, le planteur perd entre 400 et 500 kg de canne par jour et par hectare. En effet, la mauvaise herbe va consommer la lumière du soleil, l’eau et les engrais réservés à la canne. Cette lutte est donc une obligation.

“Rien ne sert de se battre pour obtenir des produits phytosanitaires qui seront de toute façon interdits au fil des années”.

Rumporter : Quelles sont les mauvaises herbes qui menacent le plus les plantations de canne ?

E. E. : Il y a deux grandes familles de mauvaises herbes qui viennent concurrencer nos plantations : les graminées, qui sont de la même famille que la canne et les dicotylédones (les lianes notamment). Nous sommes actuellement confrontés à trois types de graminées : l’herbe à riz (rottboellia cochinchinensis), l’herbe de Guinée (panicum maximum) arrivée depuis 3 ans en Martinique et la canne d’eau (paspalum fasciculatum) arrivée également depuis 3 ans en Martinique. 

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Rumporter Magazine Septembre 2019

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Édition Novembre 2019

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