Éric Eugénie, est Directeur de la SICA (Société d’Intérêt Collectif) Canne Union, en Martinique. La Sica est en quelques sortes le syndicat interprofessionnel des planteurs de canne en Martinique et, à ce titre, un interlocuteur important des producteurs de rhum et un acteur majeur dans la recherche de solutions durables pour la culture dans un contexte rendu explosif par le scandale du Chlordécone.
Rumporter : Quel a été votre parcours avant de prendre la tête de la SICA, créée en fin 2014 et qui regroupe tous les planteurs de Cannes ?
Eric Eugénie : J’ai travaillé sur l’exploitation agricole du Galion pendant 23 ans, et auparavant au centre technique de la canne et du sucre pendant 12 ans. J’ai animé de 1991 à 1993 la CUMA de MALGRÉ-TOUT qui regroupe les petits planteurs du Nord (Trinité Robert) … Disons que je roule ma bosse dans la filière canne depuis 34 ans.
Rumporter : La filière canne fait face à de graves problèmes agro-écologiques, pouvez-vous, pour les lecteurs néophytes en agriculture tropicale, nous décrire les enjeux du désherbage dans un champ de canne ?
E.E. : La canne à sucre en Martinique n’a qu’un seul ennemi, les mauvaises herbes. Des études ont conclu que lorsqu’on ne lutte pas contre ce fléau au moment où la canne a entre 3 et 7 mois, le planteur perd entre 400 et 500 kg de canne par jour et par hectare. En effet, la mauvaise herbe va consommer la lumière du soleil, l’eau et les engrais réservés à la canne. Cette lutte est donc une obligation.
« Rien ne sert de se battre pour obtenir des produits phytosanitaires qui seront de toute façon interdits au fil des années ».
Rumporter : Quelles sont les mauvaises herbes qui menacent le plus les plantations de canne ?
E. E. : Il y a deux grandes familles de mauvaises herbes qui viennent concurrencer nos plantations : les graminées, qui sont de la même famille que la canne et les dicotylédones (les lianes notamment). Nous sommes actuellement confrontés à trois types de graminées : l’herbe à riz (rottboellia cochinchinensis), l’herbe de Guinée (panicum maximum) arrivée depuis 3 ans en Martinique et la canne d’eau (paspalum fasciculatum) arrivée également depuis 3 ans en Martinique.
RUMPORTER
Édition Novembre 2019
Découvrir les offres d’abonnement