Chez Isautier, deux femmes à des postes clés

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Rumporter fait un focus sur certaines d’entre elles qui font le rhum actuellement. Aujourd’hui, focus sur la maison Isautier (La Réunion).

Marie Ferrand, maître de chai chez Isautier

Quel est votre parcours avant d’arriver à ce poste ? En quoi consiste-t-il ?

Ingénieure de formation, j’ai exploré plusieurs univers (agroalimentaire, logistique…) en différents lieux avant de rentrer à la Réunion sur mon île natale avec la volonté de m’investir dans une entreprise locale. Cela va faire 10 ans que je travaille pour la Maison Isautier.

En tant que Maître de Chai, je suis en charge de la production des rhums blancs et des rhums vieux. Je sélectionne les rhums avant la mise sous-bois, et les suit tout au long de leur vieillissement en fûts de chêne, pendant de longues années. C’est au fil des dégustations, des assemblages, des mouillages… que l’on aboutit aux rhums prêts à embouteiller.

Le monde du rhum est-il de plus en plus ouvert aux femmes ?

S’il est vrai qu’il y a plus d’hommes que de femmes dans le monde du rhum, je ne pense pas qu’il soit pour autant fermé aux femmes, plus maintenant en tout cas… Mais les appétences de chacun différent, et il ne faut donc pas non plus forcer les choses. L’équilibre doit se faire naturellement et donc progressivement.

Est-ce que vous en avez marre qu’on vous pose des questions sur le fait que vous êtes une femme dans le monde du rhum justement ?

Marre non mais c’est vrai que ces questions me surprennent à chaque fois au premier abord. Parce que je me sens avant tout comme une personne dans le monde du rhum plutôt que comme une femme dans le monde du rhum. Il n’y a pas besoin d’être homme ou femme pour avoir à cœur de faire de bons produits et de les apprécier!

Louise Bouilloux, Responsable Innovation Recherche & Développement

Quel est votre parcours avant d’arriver à ce poste ? En quoi consiste-t-il ?

Pour mes études, j’ai choisi un cursus ingénieur en agroalimentaire à Polytech Montpellier, avec une spécialité en innovation, technologies et optimisation. Nous étions 90% de femmes dans la classe, mais le ratio s’est inversé quand je suis arrivée dans le monde du travail. J’ai débuté dans le milieu de la charcuterie puis des plats cuisinés.

J’étais en charge du développement des recettes des nouveaux produits. Pour le coup ce domaine était encore très masculin quand je suis arrivée et ce n’était pas tous les jours facile d’être une jeune femme tout juste diplômée au milieu d’hommes avec plus de 20 ans de carrière ! Cela dit, cette expérience a été très formatrice, notamment en termes de communication… et de patience !

Je travaille pour la Maison Isautier depuis maintenant 4 ans, je suis responsable de l’innovation en termes de nouveauté, je crée des nouvelles recettes, des nouvelles gammes. Je suis également amenée à modifier certaines recettes existantes. A chaque création ou modification de recette, je dois m’assurer, entre autres, que le goût Isautier est bien respecté, c’est une belle responsabilité !

Ce métier est passionnant, aucune journée ne se ressemble et je suis amenée à travailler avec plusieurs métiers différents, de l’agriculture aux recherches en laboratoire, en passant par la production. Les journées passent vite, l’entreprise est très dynamique, on n’a pas le temps de s’ennuyer.

Le monde du rhum est-il de plus en plus ouvert aux femmes ?

Comparé à mes expériences précédentes, oui ! C’est le cas pour la Maison Isautier qui compte plusieurs femmes qui occupent des postes à responsabilité, dont j’en fait partie. C’est d’ailleurs historique, puisque la Maison a été dirigée pendant plusieurs années par Antoinette Isautier, l’épouse de l’un des fondateurs de la Maison.

Est-ce que vous en avez marre qu’on vous pose des questions sur le fait que vous êtes une femme dans le monde du rhum justement ?

Au début, on me l’a souvent demandé, et puis les gens finissent par s’habituer. Il faut être patiente et persévérer, montrer qu’une femme peut aussi être passionnée par ce milieu, et finalement c’est tout ce qui compte pour réussir, peu importe le genre.

Ma plus grande fierté c’est de voir l’étonnement et la satisfaction dans le regard des gens qui goûtent nos produits. Autant les femmes que les hommes qui travaillent pour la Maison sont passionnés par leur métier, et ça se ressent !

 

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