Après les marques pionnières Papagayo et Uitkins du Paraguay, développées pour le marché britannique, ont récemment fleuri une poignée de projets locaux visant à offrir quelques milliers de litres de rhum bio : Deep Island Wave à Hawaï, le Spiced de la distillerie Humbolt en Californie, Crusoe de la distillerie Greenbar à Los Angeles, Road’s End de la distillerie Journeyman dans le Michigan, Norseman à Minneapolis dans le Minnesota, Twisted Path à Milwaukee dans le Wisconsin, Waivera en Nouvelle-Zélande (à base de sucre muscovado philippin), O Rum en Autriche, MK / Max Krassel et Puerto Angel de Oaxaca au Mexique (à base de jus de canne) et plus récemment Mana’o à Tahiti.
Ailleurs, beaucoup de rhums peu exportés ne sont pas certifiés bios comme à la Grenade ou en Haïti. C’est donc une nouvelle étape historique qui va bientôt être franchie grâce à la distillerie Neisson qui va proposer le premier rhum bio certifié de Martinique et même probablement de la Caraïbe !
Rencontre avec Grégory Vernant à la tête de ce projet passionnant !
R: Quand sera commercialisée cette cuvée historique, la première cuvée de rhum certifié bio de la Martinique ? Combien de bouteilles seront disponibles et est-ce que la métropole aura-t-elle une allocation ? Le rhum bio est-il gustativement différent ?
GV : Pour les parcelles bio, nous allons les récolter au mois de Juillet, difficile donc pour l’instant de vous donner les volumes qui seront dispos. Nous vous enverrons un échantillon à déguster, je pense que c’est beaucoup plus simple comme ça !
R: Une partie du rhum sera-t-il mis en vieillissement ? Dans ce cas le chêne doit-il être bio ou tout du moins neuf pour ne pas subir l’influence de produits non bio ?
GV : Pour le rhum en vieillissement, nous devons faire « valider » le process par Ecocert, le vieux ne sortira pas avant 2020 !
Après vos 4 hectares actuellement convertis, allez-vous continuer d’accroître votre surface en agriculture biologique ? Le rendement est-il le même qu’en conventionnel ?
GV : Nous devrions augmenter d’un hectare les surfaces en conversion pour atteindre 10% de nos champs de canne cette année. Pour l’instant les rendements sont beaucoup plus faibles mais quel est le « vrai » rendement ? Un peu compliqué de le savoir, nous n’avons pas encore assez de recul.
R : N’est-ce pas compliqué de n’être qu’en partie bio sur une exploitation ?
GV : Seuls les îlots qui entourent la distillerie sont en conversion (avec des variétés différentes des autres parcelles), ce n’est donc pas compliqué à gérer.
R : Y a-t-il des échanges avec les autres producteurs bios locaux ou caribéens ?
GV : Il y a beaucoup d’échanges avec des ingénieurs agronomes de Saint Domingue (1er producteur de banane bio au monde) et de Cuba surtout dans les fabrications des MES (matières organiques) !