Bacardí, rhum et patriotisme (1862-1898)

Bacardí est assurément la marque de rhum la plus connue au monde. Mais bien plus que d’une marque, nous parlons ici d’un style et d’une nouvelle esthétique qui émerge au XIXe siècle pour conquérir le monde en quelques décennies. C’est la première partie de cette longue histoire que nous vous présentons maintenant.

Bacardí

Une première entreprise Bacardí (1843-1855)

L’économie cubaine du XIXe siècle repose essentiellement sur le sucre qui dépend, lui, de l’esclavage. Les planteurs, au fait de ce qu’il advint à Haïti à la fin du XVIIIe siècle, n’ont qu’une peur : voir les esclaves se révolter et fonder une République noire. De plus, l’esclavage a été aboli dans les colonies britanniques et françaises. Les planteurs travaillent main dans la main avec le pouvoir de Madrid pour maintenir le système servile. La famille Bacardí vit au 32 de la rue Marina Baja, à Santiago.

C’est ici que Facundo BacardíBacardícréera en 1862 une distillerie avec l’aide d’un Français nommé Bouteiller. Mais jusqu’alors, la “Facundo Bacardí y Compañía” ne vend pas encore de rhum… Originaire de Barcelone, Facundo embarque pour Cuba, direction Santiago, ville dans laquelle les Catalans dominent le commerce. Ses frères le rejoindront par la suite et prendront part à l’émergence de la distillerie. Il commence par un fonder un bazar dans lequel on trouve de la vaisselle, des jouets, des lampes à huile mais également du café, du sucre… etc., mais pas encore de rhum.

En 1844, sa femme Amalia donne naissance à leur fils Emilio. Elle élève son enfant et Facundo s’occupe de ses affaires. Tout se passe bien jusqu’au 20 août 1852 lorsqu’un tremblement de terre détruit une grande partie de Santiago. Les conditions sanitaires qui en découlent sont favorables au développement du choléra. Amelia, Emilio et Facundo partent se réfugier en Espagne. Ce dernier revient pour tenter de sauver ce qui peut l’être de son entreprise… mais celle-ci se trouve en faillite en 1855.

Le projet rhumier (1855-1862)

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la mélasse cubaine sert avant tout à alimenter le marché américain. Les planteurs échangent des esclaves déportés d’Afrique contre de la mélasse qui partait en Nouvelle-Angleterre. Le sucre apporte assez de richesse à l’île pour que celle-ci se contente de produire une piètre aguardiente de caña (à l’exception de certaines distilleries qui ont même les faveurs de connaisseurs étrangers, ndlr). 

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