Plantation Rum, des talents au pluri-elles

Présidente directrice générale, contrôleuse qualité ou encore directrice marketing et communication : chez Plantation Rum, les femmes ont su s’imposer à des postes clefs. Grâce à leur talent, leur passion et leur engagement, elles ont facilement trouvé leur place dans un univers encore trop souvent qualifié de masculin.

Martha Miller – Jamaïque, PDG du groupe NRJ (National Rum of Jamaica)

Comment avez-vous commencé à travailler dans l’industrie du rhum ? Comment votre expérience personnelle a-t-elle fait de vous le leader que vous êtes aujourd’hui ?

Martha Miller : Il y a environ sept ans, j’ai reçu un appel téléphonique qui a changé ma vie. Une opportunité comme jamais de mettre à profit mes connaissances et ma passion pour le rhum s’est présentée et j’ai dû la saisir. Etant de nature ouverte à de nouveaux défis et ayant accumulé de l’expérience dans divers secteurs comme la télécommunication ou même l’assurance, je me suis dit pouvoir m’inspirer de mes expériences et appliquer ces leçons au rhum.
C’était un acte de foi envers une industrie que j’adore et la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui.
Non seulement mes expériences personnelles et professionnelles m’ont permis d’être la personne que je suis aujourd’hui, mais être mère m’a aussi appris à élever et à m’occuper de mes enfants. Certainement des leçons que l’on peut appliquer au rhum !

Pouvez-vous nous expliquer les principales missions et objectifs de votre entreprise ? Quel est votre objectif pour l’ensemble de la catégorie du rhum ?

MM : Le principal objectif et la mission de National Rums of Jamaica Limited (NRJ) est avant tout de produire de délicieux rhums ancrés dans notre patrimoine jamaïcain. Un second objectif serait d’être reconnus comme le premier exportateur de rhums jamaïcains, super-premium et de luxe. Mon rêve serait que NRJ et la marque de rhums Monymusk Plantation soient des noms connus non seulement en Jamaïque mais dans le reste du monde.

Ces dernières années, nous avons assisté à la révolution du whisky et des single malts. Encore, aujourd’hui, les whiskies sont considérés comme des produits haut de gamme et j’aimerais beaucoup voir la même évolution pour le rhum pour que de plus en plus de rhums super-premium soient produits et partagés avec le reste du monde.

Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme dans notre secteur d’activité ? Comment les avez-vous relevés ?

MM : L’industrie des boissons alcoolisées et, par extension, l’industrie du rhum sont considérées comme « un monde d’hommes » où les femmes ont souvent un rôle de soutien, que l’on retrouve dans les domaines de l’administration, du marketing, et dans une moindre mesure des finances.

Être nommée à la tête d’une organisation de rhum est un jalon important pour moi, mais aussi pour mon genre, et j’en suis extrêmement reconnaissante. Dans ma vie, j’ai dû relever des défis me permettant de développer des compétences accrues ce qui m’a par la suite permis d’acquérir plus de confiance à la fois dans mon rôle et dans la compréhension de la catégorie rhum, de sorte que lorsque je donne une opinion, elle provient d’un point de vue informé.

De plus, mon engagement auprès d’institutions telles que l’association jamaïcaine des spiritueux, qui me donne l’occasion de partager et d’apprendre les meilleures pratiques des autres distilleries. C’est une opportunité à la fois de développer des relations professionnelles tout en offrant la possibilité pour mes pairs de me connaître.
En fin de compte, voir d’autres femmes accéder aux plus hautes fonctions de l’industrie, partager leurs talents et leurs compétences, mais aussi créer un équilibre devrait être indispensable dans notre industrie.

Comment avez-vous perçu les changements survenus dans l’industrie du rhum ces dernières années ? Qu’est-ce qui vous excite le plus dans le futur du rhum ?

MM : Autrefois, quand on pensait au rhum jamaïcain, une seule marque dominait l’espace. Aujourd’hui, nous assistons à la montée en puissance d’autres marques, et très franchement, toutes plus excellentes les unes que les autres. Le monde peut maintenant faire l’expérience du rhum de luxe, autrefois catégorie vénérée en tant que niche.
Ces marques offrent un aperçu des techniques ancestrales que les producteurs de rhums jamaïcain utilisent depuis le 17e siècle, et cela suscite de la curiosité. Curiosité exacerbée par la côte grandissante des rhums premiums.

La polyvalence du rhum jamaïcain, ainsi que les contributions des différentes distilleries du nord au sud de l’île, est certainement pour le monde un moment passionnant !
À l’avenir, je me réjouis du développement et de la croissance continus des marques de rhum Monymusk Plantation et Long Pond, ainsi que de toute autre expression singulière issue de ces deux distilleries mythiques que sont Long Pond et Clarendon.

Après la pandémie, j’ai hâte également d’accueillir et de recevoir davantage de personnes dans nos distilleries afin qu’elles aient la possibilité de découvrir le rhum jamaïcain dans toute sa splendeur, d’approfondir leurs connaissances sur le rhum et qu’ils puissent assister au travail et savoir-faire entrant dans la création de nos merveilleux rhums.

Teri Alleyne – Barbade – Contrôleuse Qualité – West Indies Rum Distillery

Comment avez-vous commencé à travailler dans l’industrie du rhum ? Comment votre expérience personnelle a-t-elle fait de vous le leader que vous êtes aujourd’hui ?

Teri Alleyne : C’est drôle, j’ai commencé ma carrière dans un secteur très similaire – l’industrie de la bière – en 2012 en tant que brasseur, et j’ai adoré ça. Je me souviens encore des réactions de choc et d’émerveillement que j’ai ressenties chaque fois que quelqu’un me demandait « que faites-vous ? » et que je répondais « je suis brasseur ! ».

Comme vous pouvez l’imaginer, ce n’était pas un travail dit « féminin », mais au lieu d’être offensée, j’ai en fait adoré ces réactions, et j’ai souvent profité de l’occasion pour parler aux gens de l’industrie et du brassage de la bière avec enthousiasme.

Puis, une fois que j’ai basculé dans le rhum, je me suis vite intéressé à tout l’aspect production. Bien qu’au départ, je ne voyais qu’en cette industrie qu’une nouvelle frontière passionnante, j’ai été choqué et impressionné de voir que c’était bien plus que cela. Depuis, je n’ai cessé de décortiquer les couches de complexité du rhum et son histoire. Ce fut un vrai coup de foudre et chaque jour j’ai le plaisir d’en apprendre davantage à son sujet.

Mon expérience de vie est une expérience que je ne changerais pour rien au monde. J’ai toujours été passionnée par une variété d’activités et apparemment contradictoires – le sport, les arts, l’apprentissage de nouvelles langues – et elles m’ont toutes enseigné de précieuses qualités de leader, que j’ai la chance d’appliquer quotidiennement dans mon rôle. Mon rôle de capitaine dans différentes équipes m’a appris la grâce, la patience, la force d’âme et surtout l’empathie pour les autres.

Pourriez-vous nous expliquer vos principales missions et objectifs de votre entreprise ? Votre objectif pour l’ensemble de la catégorie du rhum ?

TA : Nous voulons que le monde entier puisse découvrir les produits de Stade’s et de Plantation tout en découvrant toute la diversité, l’histoire et l’art du rhum de la Barbade. Cela vaut pour notre distillerie et pour le rhum de la Barbade dans son ensemble. J’ai toujours trouvé incroyable qu’autant de beauté vienne de cette petite île qu’est la Barbade et que le rhum ne soit pas différent.

Sur la scène mondiale, le rhum a toujours eu le potentiel de s’élever au rang de tout autre spiritueux vénéré, et au vu de l’enthousiasme que je constate de plus en plus, je dirais que c’est précisément ce qui se passe avec le rhum et qu’il est sans aucun doute une force sur laquelle il faut compter dans le futur.

Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme dans notre industrie ? Comment les avez-vous relevés ?

TA : Les gens pensent souvent que les femmes ne peuvent pas faire certains boulots. Par exemple, ils ne s’attendent pas à voir des femmes travailler dans des secteurs de production tels que la zone de fermentation, l’entrepôt, monter des échelles et entrer dans des cuves, conduire des chariots élévateurs ou soulever des sacs lourds et bien d’autres choses encore, mais dans ma carrière, j’ai tout fait et j’ai apprécié chaque expérience.

Grâce à ce rôle, j’ai eu l’occasion de démontrer un grand nombre de mes capacités au sein de Maison Ferrand qui assure l’égalité des chances entre hommes et femmes. Par exemple, mon équipe de laboratoire est composée en majorité de femmes, et elles me voient donner l’exemple quotidiennement tout en faisant un travail fantastique.

Comment avez-vous perçu les changements survenus dans l’industrie du rhum ces dernières années ? Qu’est-ce qui vous a le plus enthousiasmé pour l’avenir ?

TA : Les amateurs et experts du rhum sont de plus en plus instruits et ouverts d’esprit, avec une idée précise de ce qu’est le rhum et ce qu’il peut être. Briser les stéréotypes et embrasser le rhum dans son ensemble est quelque chose que je commence doucement à constater et espère voir plus dans le futur. Ajoutons à cela, un effort de plus en plus visible dans l’égalité des chances et la présence de femmes sur tous les fronts de l’industrie.

Angélique Jullienne – France – Directrice Marketing et Communication – Maison Ferrand

Comment en êtes-vous venue à travailler dans l’industrie du rhum ? Comment votre expérience de vie a-t-elle fait de vous le leader que vous êtes aujourd’hui ?

Angélique Jullienne : D’abord, je suis originaire de Normandie, une région française qui n’a rien à voir avec le rhum. Donc, sur le plan professionnel, je me suis naturellement tourné vers le cidre et le calvados qui sont originaires de la région. Le travail m’a ensuite amené à m’installer à Paris pour découvrir l’industrie des spiritueux et sa culture des cocktails il y a une dizaine d’années.

Une fois là-bas, c’était le coup de foudre à la première gorgée. Le rhum a conquis mon cœur. Des bars à cocktails aux détaillants, des propriétaires de marques aux distilleries, j’ai vu et travaillé dans tous ces secteurs. Ces expériences m’ont façonné et m’ont permis de comprendre en profondeur les ramifications de l’industrie du rhum.

Tout ça m’a conduit aujourd’hui au poste de directrice du marketing et de la communication chez Maison Ferrand, propriétaire de Plantation Rum, Citadelle Gin, Ferrand Cognac et West Indies Rum Distillery, la principale rhumerie de la Barbade. Maison Ferrand et moi partagions les mêmes valeurs et la même passion, et il est devenu évident que l’entreprise et les personnes qui y travaillent étaient des âmes sœurs.

Je me considère chanceuse de travailler pour une entreprise animée par la même ambition de développer la catégorie des grands rhums et de mettre en valeur la diversité et l’héritage rhumier.

Pourriez-vous nous expliquer vos principales missions et objectifs de votre entreprise ? Votre objectif pour l’ensemble de la catégorie rhum ?

AJ : Notre mission principale est avant tout de fabriquer de délicieux rhums ! Cela étant dit, notre fer de lance chez Ferrand, et celle de mon équipe marketing, est de rechercher, d’apprendre et d’éduquer sur le rhum. Nous avons une véritable passion pour le savoir, c’est cela qui nous motive. Nous aimons creuser profondément dans le patrimoine historique et technique du rhum pour en faire un magnifique distillat.

Notre amour de la recherche est clairement comblé par le rhum et sa riche histoire, notamment en matière de méthode de production pour ne citer qu’un exemple. En plus d’être une grande source d’inspiration, avec Plantation Rum, nous avons l’opportunité de démontrer la richesse de la culture du rhum et la diversité de son terroir, ce qui fait que les amateurs de non seulement dégustent des produits fantastiques mais voyagent en même temps.

Notre mission est de célébrer la diversité du rhum et la beauté des différents terroirs. Célébration que j’adore retrouver chez les producteurs, comme nos équipes à la Barbade, en Jamaïque ou nos partenaires aux Fidji.

Je vois grâce au marketing un moyen de pouvoir partager ces histoires, ces cultures, l’histoire du rhum avec le monde et de révéler ses vieux secrets qui n’attendent qu’à être redécouverts.

Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme dans notre industrie ? Comment les avez-vous relevés ?

AJ : Heureusement, tout au long de ma carrière, j’ai eu la chance de travailler avec des gens qui croyaient en moi, sans particulière attention à mon genre.

Aujourd’hui, je suis heureuse de travailler pour une entreprise qui considère la diversité culturelle et la diversité de genre comme un pilier fondamental. 50 % des membres de notre conseil d’administration sont des femmes et le leadership est fortement encouragé, qui que vous soyez.

Chez Ferrand et West Indies Rum Distillery, ce sont vos actions et vos valeurs qui comptent, ce qui devrait être le cas, selon moi, pour tout ce que nous faisons, y compris dans le monde des affaires et dans la vie privée.

Enfin, il est vraiment plaisant de voir des femmes talentueuses accéder à des postes de direction comme Martha Miller, PDG de NRJ, ou Teri Alleyne en tant que contrôleur qualité.

Comment avez-vous perçu les changements survenus dans l’industrie du rhum ces dernières années ? Qu’est-ce qui vous a le plus enthousiasmé pour l’avenir ?

AJ : Il est clair que la catégorie s’est développée à une vitesse fulgurante ! Quand j’ai commencé il y a dix ans, il y avait nettement moins « d’amateurs de rhums » et encore moins de marques.

Ces dernières années ont vu l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, des embouteilleurs indépendants, des marques locales exportant sous leur propre nom, ce qui a rendu le marché passionnant !

On a également constaté un changement chez les consommateurs, car ils sont désormais éduqués, conscients et mieux informés sur la catégorie et recherchent plus de premiumisation.

Le rhum fait désormais partie de la table des grands, au même niveau que le whisky ou le cognac, ce qui donne lieu à des débats intéressants avec les acteurs de notre industrie. C’est la preuve d’un vrai intérêt pour la catégorie et cela montre que les distillateurs et les marques ont fait un énorme travail pour élever la catégorie ces dernières années.
Dans le même esprit, il est important pour l’avenir de promouvoir plus d’honnêteté et de transparence en renforçant la confiance que les consommateurs ont accordée à l’industrie.

Le consommateur doit avoir accès à toutes les informations dont il a besoin pour faire un choix honnête sur ce qu’il boit. La déclaration d’âge doit être transparente lorsqu’elle est mentionnée et la provenance doit l’être également. C’est d’ailleurs ce que nous faisons avec Plantation Rum et nos étiquettes.

En étant l’une des premières marques à donner réellement toutes les informations techniques sur nos labels, dans un souci de transparence et d’éducation, nous avons clairement montré à quel point la transparence est un point important pour nous. De plus, lorsque les gens ont des questions et souhaitent en savoir plus, nous y répondons volontiers, comme nous le faisons avec une autre de nos marques : Stade’s Rum.
Cependant, Tout ça, n’est que la partie visible de l’iceberg sur les actions et les leçons à tirer concernant le rhum.

La beauté de cette catégorie est que nous n’avons pas encore découvert tout ce que le rhum a à offrir. Le Distiller’s vault datant de 1893 que nous avons à la West Indies Rum Distillery a encore beaucoup de trésors à révéler au monde, ce qui, j’en suis certaine, promet un passé/futur brillant pour l’industrie du rhum

 

 

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