Manikou : la Renaissance d’une grande marque de rhum marseillaise

Maroni, Nelga, Saint Gilles, Santamarin, Vasco, Monna, Bonegro, Palgor, Moa, Saint Esprit, Négrita, Djibouti, Pépita, Daubier, Habert, Baïta, Waïka, Samson, Aromdor, Moko, Chauvet, Black Head, Vana, Old Nick, Madhia, Charleston, Ara, Kilfo, Galibis, Saint Come, Bagier, Minta, Lucéa, Mangoustan, Old Manada, Juerga, Tavana, Saint Paul, ou encore Fox-Land et même Saint-James il fût un temps, les marques de négoces étaient légion en France métropole.

Ce sont d’ailleurs ces négociants qui ont fait (re)découvrir et popularisé le rhum au début du XXème siècle, tout en imposant une certaine vision du rhum, à savoir celle de sucrer et teinter les rhums pour les rendre plus « séduisants »… A l’exception de quelques Parisiens, la plupart de ces négociants installaient leurs chais et entrepôts de stockage dans des villes portuaires telles que Bordeaux, Marseille, Le Havre, ou encore Nantes et Nice dans une moindre mesure.

Les principaux ports importateurs et centres de négoce (Bordeaux, Marseille, Le Havre et Paris) avaient donc chacun leur syndicat du rhum et les 4 syndicats étaient regroupés en un seul afin de constituer le « Syndicat Français du Rhum », dont le siège était installé à Paris… A l’occasion de la renaissance du rhum Manikou grâce au financement participatif auquel j’ai moi-même participé, je vous propose de prendre un billet d’avion à destination de la ville qui accueille la Bonne Mère (avé l’assent…) en étant accompagné de Rémi Anglés, initiateur du projet et descendant du créateur de la marque il y a maintenant 140 ans.

Bonjour Rémi, pourrais-tu te présenter puis nous raconter succinctement ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?

Rémi Anglés : Bonjour Damien. Avant tout je suis Marseillais, depuis de nombreuses générations et des deux côtés de la famille. Je suis implicitement attaché à cette ville, même si j’ai beaucoup voyagé… J’ai dû endosser beaucoup de casquettes différentes pour m’en sortir, mais j’ai déjà été créateur d’entreprise en tant que disquaire indépendant à Marseille (1993) et Montpellier (2000), avant d’ouvrir le magasin O’cd à Marseille.

Par ailleurs, je suis également animateur radio, DJ, passionné de Blues, Jazz, Chanson Française et bien sûr de Reggae. J’ai aussi la casquette de journaliste, et même d’écrivain !

DS : Si je ne me trompe pas, la maison Gérard Frères a été fondée en 1838 par Paul et Hyacinthe Gérard. L’entreprise était déclarée à Saint-Pierre qui était alors la capitale mondiale du rhum… Est-ce que tu connais la raison pour laquelle ton arrière-arrière-arrière grand-père a décidé de s’installer à 7000 kilomètres de chez lui ?

RA : Pour être exact, mes aïeuls ont fondé la société en 1852 après que Joseph-Hyacinthe (un des deux frères) se soit installé en Martinique en établissant sa plantation et son usine aux alentours de Saint Pierre dès 1838.

Avec l’autre frère, Paul, vivant à Marseille, ils eurent la bonne idée d’amortir les coûts de transport du rhum en commercialisant aux Antilles des alcools importés de métropole. Ainsi, pour éviter que les bateaux reviennent à vide, ils chargeaient du cognac, armagnac et autre vin cuit à Marseille, pour les colons installés là-bas, et eux recevaient ensuite le rhum.

En 1880, ils ont vendu leur activité à trois enfants, tous frères, un établi à Saint Pierre, un à Fort-de-France, et un à Marseille. Il y a donc toujours eu ce lien familial indéfectible avec ce port de Méditerranée ! Ils étaient les précurseurs de ce nouveau centre de négoces en cette fin de siècle, rejoint par d’autres commerçants issus de grands noms de familles Marseillaises, tous dans le négoce, le transport de marchandises par mer, avant de devenir eux-mêmes importateurs en rhum.

DS : As-tu une trace de ce qu’ils ont fait en Martinique avant d’acquérir une plantation ?

RA : Si l’on remonte avant 1850, je n’ai aucune information valable, mais d’après les archives du grand-père, ils avaient au plus fort de leur activité 14 plantations aux Antilles (début XXème siècle), et ils ne produisaient pas que du rhum d’ailleurs. En plus d’exporter sucre et café, ils importaient des savons de Marseille. On retrouve la trace de deux usines : la Retraite en Guadeloupe, et Grand Fond Balata au Marin, en Martinique. Il y avait également une raffinerie Coloniale (!) à Arenc, un quartier du 2nd arrondissement de Marseille… 

La suite de cet article est réservée aux abonnés.

Rhum Manikou
Adresse : C.M.R., 3 boulevard des Voubilis, 13008 Marseille
www.rhummanikou.fr

Facebook

 

Share This