Comme beaucoup d’autres amateurs, il m’arrive régulièrement à passer des heures sur mon PC à écumer les moteurs de recherches pour trouver des sites internet susceptibles de receler des trésors cachés et des perles rares.
Tôt ou tard, ces enquêtes amènent nécessairement le détective par-delà les frontières, voire les océans. République Tchèque, Espagne et Italie, ces belles pistes pour débusquer LE rhum, sont malheureusement toutes plus ou moins taries. Il faut aller plus loin et même changer de continent pour trouver rhum à votre bouteille (tentative ratée d’adapter une expression). Et tant qu’à aller loin, c’est au pays du Soleil Levant que les pas numériques de l’enquêteur m’ont emportés. On pourrait croire qu’une fois cette destination atteinte tout devient simple. En fait, c’est là que ça se complique.
Ne cherchez pas « rhum » ou « rum »
Pour commencer, la plupart du temps, il faudra taper, dans les moteurs de recherche, le mot-clef « lamb ». Rien à voir avec l’agneau d’outre-Manche. Il s’agit en fait de la prononciation du mot « rhum » en japonais (c’est en tout cas mon explication, qui est sans doute tout à fait fausse).
Il faut aussi savoir qu’il sera souvent inutile de rechercher une bouteille par son nom exact, les adaptations nippones étant régulièrement fantasques (ou pour être exact, les traductions automatiques) – ainsi, un Blackadder Raw Cask Jamaica Monymusk 2003 deviendra un Blackadder Roukasuku Jamaica Monimasuku Lamb 2003.
Il va vous falloir trouver un site et l’éplucher, le disséquer dans son intégralité, afin de, peut-être, découvrir quelques quilles intéressantes.
On pourrait croire qu’une fois le bon site identifié tout devient simple. En fait, c’est là que ça se complique.
Il faut maintenant vous créer un compte. Or, la plupart des sites japonais n’ont pas de version anglaise, il faut donc, à nouveau, en passer par le logiciel de traduction de votre navigateur : folklorique !
Vous parvenez finalement à créer votre compte et vous vous rendez compte que ce site, dont vous gardez désormais jalousement l’adresse, ne livre qu’au Japon …
C’est vraisemblablement une étape où beaucoup de personnes baissent les bras mais pas nous ! Il nous en faudrait plus ! Et aussi : on a déjà passé trop de temps sur ces foutues bouteilles pour abandonner maintenant.
Ça vous tente, avoir une adresse au Japon ?
Il doit bien y avoir un moyen de ne pas laisser passer ces gemmes introuvables dans nos contrées, nous pauvres européens. Alors on se renseigne et on se rend compte que certaines entreprises proposent un service bien particulier (non, rien à voir avec ça, bande de pervers) : vous fournir une adresse japonaise (en fait celle de leurs locaux), où vous pouvez vous faire livrer. Bon, ça serait seulement ça, ça vous ferait une belle bouteille (nouvelle tentative d’adaptation d’expression). Mais voilà, ils vous envoient ensuite, chez vous, votre précieuse marchandise.
Bien sûr tout cela a un coup, qui dépend en grande partie de votre patience – ou plutôt impatience – à recevoir votre colis tant attendu.
Youpi ! Vous avez trouvé vos bouteilles et vous avez trouvé un moyen de vous les faire acheminer. On pourrait alors croire que tout devient simple, c’est en fait là que tout se complique.
Vous tentez de finaliser votre ordre d’achat mais vous risquez fort de vous heurter à la non actualité des informations, les bouteilles n’étant en fait plus disponibles.
De plus, il faut bien garder à l’esprit que tout se fait en japonais et donc avec des traductions plus qu’approximatives. Par moment, vous ne saurez même pas si votre commande est passée ou non et vous devrez finalement surveiller votre compte bancaire pour en avoir le cœur net.
Alors oui, certes, si vous faites partie de ces gens qui PARLENT le japonais, vous n’aurez pas une bonne partie de ces problèmes (et je ne parle même pas de ceux qui habitent au Japon). Mais dans ce cas, cet article n’est pas vraiment pour vous, et vous pouvez passer votre chemin. Allez circulez, sinon vous allez énerver le commun des mortels. Barrez-vous je vous dis !
Et là, soudain, les astres s’alignent : confirmation que votre commande est bien passée, argent disparu de votre compte, réception du colis par l’entreprise de réexpédition, choix et paiement de la réexpédition. Bref : tout se déroule comme prévu.
Et là on pourrait croire que tout est simple et que c’en est fini… Mais vous risquez fort de vous heurter à un dernier rebondissement de taille.
Il ne faut pas vendre la peau du rhum …
En effet, nos douanes sont attentives et la probabilité de recevoir un coup de fil vous annonçant que votre colis est bloqué est assez forte. L’ennui c’est que pour le débloquer, vous allez devoir payer un transporteur qui, lui-seul, est habilité à dédouaner (payer les taxes sur les alcools) votre paquet (vous devrez au passage régler des frais à cette entreprise).
Vous aurez le choix de vous faire livrer (eh non, ce n’est pas gratuit non plus) ou d’aller le chercher à l’aéroport. Si vous optez pour cette dernière option, soyez prêt à y passer un moment, le temps, entre autres, de vous perdre dans les zones de fret, de manutention, de livraison et que sais-je encore…
Le coût total de cette « petite » opération est énorme et vous pouvez aisément doubler le prix de vos bouteilles. Une ultime péripétie qui a de quoi vous faire réfléchir.
Vous voilà prévenus, non seulement vous allez devoir investir beaucoup de temps mais potentiellement aussi beaucoup plus d’argent que prévu.
Sayonara, bonne chasse et bonne chance !