L’histoire du rhum à Madagascar

L’histoire du rhum à Madagascar est en partie liée à la colonisation. Un rhum local s’est développé au fil du temps. Celui-ci pouvait être aromatisé, renforçant ainsi une identité gustative.

histoire du rhum à Madagascar

La canne à sucre est cultivée depuis bien longtemps sur cette île longue de 1580km et large de 580 km. Depuis le XVIIème siècle, des Français étaient présents sur celle nommée par les colons de l’époque «Ile Dauphine». En 1674, le Sieur Dubois estime qu’il s’en trouve 250, dont 80 possèdent une habitation. Ils vivent essentiellement d’élevage et de plantations vivrières. Le sucre provient principalement de « mouches à miel », qui servent entre autres à produire du vin de miel, similaire à l’hydromel, selon l’auteur. Lorsque le miel manque, de la canne à sucre est plantée afin de produire une boisson que l’on suppose fermentée.

Le rhum n’était pas distillé sur place au XVIIIème siècle mais probablement apporté par des contrebandiers. La seconde colonisation du XIXème siècle, s’opère en deux temps. La plus petite île de Nosy Be, située au Nord-Ouest de Madagascar, dans le Canal du Mozambique, devient possession française en 1840. La grande île sera colonisée dans un second temps, en 1895.

La Colonisation de Nosy Be, 1841-1895

Pour les Européens, Nosy Be (autrefois Nossi-Bé) est un carrefour commercial stratégique entre le continent africain, les Comores et Madagascar. Le système économique repose principalement sur l’esclavage pratiqué à la fois par les Français et les Malgaches. L’abolition de 1848 provoque une révolte de ces derniers qui ne comprennent pas l’interdiction de ce qui est pour eux une pratique ancestrale, comme l’indique l’historienne Jehanne-Emmanuelle Monnier.

Cette révolte entraîne un exil des Malgaches, la chute du commerce et renforce le sentiment anti-français provoqué par une cohabitation difficile. En 1850, les autorités françaises établissent un plan de colonisation comprenant un volet de développement économique. Des plantations durables de canne sont construites, s’inscrivant dans les circuits commerciaux français. Autrement dit, il faut inclure Nosy Be dans l’Empire colonial. En 1854 ouvre la première sucrerie.

Mais à cette époque, les produits les plus cultivés sont le sésame et l’indigo. Les Malgaches encore présents sur l’île s’adonnent quant à eux aux cultures vivrières plus traditionnelles. Le frémissement économique de Nosy Be attire des planteurs réunionnais en quête de terres pour se développer. Mais la colonie manque de capitaux. En 1860, il n’existe toujours qu’une seule usine sucrière. Ajoutons que les planteurs connaissent des difficultés pratiques à monter leur sucrerie… alors ils produisent du rhum !

histoire du rhum à Madagascar

La préférence donnée au rhum ravage la société nosy-béenne, d’autant qu’il servait à payer les ouvriers mais aussi les impôts. La vie sur une plantation est marquée par la douleur des travailleurs. L’isolement des terres rend les contacts avec la ville très peu fréquents. Les plantations sont exposées aux maladies, aux révoltes et aux incendies. Le planteur travaille parfois avec ses ouvriers et court après l’argent.

Le rhum permet d’obtenir des revenus rapides. Ce sont principalement les petits propriétaires qui produisent du rhum à la place du sucre… et ils sont parfois rachetés par les plus fortunés qui ont besoin de leurs terres. En 1864, Nosy Be possède neuf usines et 36 plantations. Leur nombre chute à 18 en 1877, avec une production globale de l’île de 310 000 litres de rhum. A cette époque, une faible quantité est envoyée à Madagascar. La consommation principale se situe dans l’île même. 

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