L’édito d’Alexandre Vingtier : Ne coupons pas la canne sous le pied des Rhumiers !

Si le rhum est bien une boisson spiritueuse, qu’il faut par conséquent consommez avec modération, il est également un formidable ambassadeur des îles, territoires et pays dont il est originaire.

Alexandre Vingtier

Quoi de plus choquant que de voir la récente attaque fiscale sur les rhums ultramarins sur leurs propres marchés locaux, par notre propre gouvernement bien trop pressé, sous couvert de lutte contre l’alcoolisme, un argument en réalité plutôt déplacé qui ne prend pas en compte la diversité de la consommation dans les DOM. N’y a-t-il pas d’autres actions plus pertinentes à mener pour protéger les populations victimes de l’alcoolisme ? Doit-on y taxer de la même manière le rhum de sucrerie et le rhum agricole, bien plus onéreux ? Amateurs de rhum, ne ratez pas notre dossier éco pour suivre cette actualité brûlante.

Car le rhum est une boisson historique, culturelle pour ne pas dire identitaire comme le prouvent les différentes appellations et indications géographiques qui se multiplient non seulement dans les régions d’outre-mer françaises mais aussi dans une dizaine de pays Tous soutiennent activement et financièrement leurs industries. C’est un secteur économique florissant mais de plus en plus compétitif (à l’inverse de l’industrie sucrière), soumis en Europe à des règles sociales et environnementales très strictes, sur des territoires insulaires très éloignés de leur métropole, et qui par conséquent nécessite de nombreux investissements : structurels et industriels pour se mettre en conformité et ainsi produire le plus proprement possible ; agraires et fonciers pour assurer la pérennité de l’accès à la matière première sur des territoires très urbanisés ; sociaux et humains pour préserver les petits planteurs et créer des emplois de plus en plus qualifiés dans les distilleries face à la technicisation continue de la production ; et enfin, et j’en oublie sûrement, commerciaux et marketing pour faire connaître les produits et adapter leur présentation aux demandes des marchés export si exigeants.

L’actuel essor des rhums vieux français et leur succès croissant symbolise bien l’effort important des rhumiers sur la dernière décennie, immobilisant une partie de leur production, investissant dans les infrastructures, le matériel, les fûts et des emplois qualifiés, pour répondre à une demande forte de produits originaux et qualitatifs. L’histoire, la diversité, l’art de vivre et la culture sont nos chevaux de bataille. Alors cette subite velléité politique risque de fragiliser cet équilibre et nous nous devons d’exiger une convergence lente de la fiscalité pour ne pas priver nos producteurs et l’économie de toute une filière si spécifique d’un marché et d’une trésorerie primordiale pour assurer leur essor économique à long terme et leur rayonnement international ! Soutenons les producteurs dans leur combat vital !

 


Rumporter Magazine - Édition Avril 2019

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