Au début du XVIIIème siècle, on interdit d’importer du tafia produit aux colonies en France afin de protéger les eaux-de-vie métropolitaines (en particulier le cognac, grand pourvoyeur de devises pour le royaume, ndlr).
Les relations commerciales avec la métropole concernent d’autres produits. Bordeaux importe du café, du sucre et de l’indigo et Le Havre importe du coton, du sucre et du café. Ces deux ports participent activement à la traite négrière alors que Marseille reste relativement en retrait. Les Marseillais sont également présents aux Antilles et y exportent leurs produits.
Une Marseillaise qui avait fui la peste de 1720 créa à la Martinique la « liqueur des Iles de la Veuve Amphoux ». A côté du sucre et du café, la particularité marseillaise résidait dans le commerce du cacao. Au début du XIXème siècle, Le Havre se spécialise dans la pêche à la baleine, tout en gardant ses implantations aux Antilles d’où est importé massivement du café. Bordeaux gère mal la transformation du marché sucrier après la perte de Saint-Domingue. La concurrence du sucre de betterave oblige des raffineries bordelaises à fermer.
La ville décline lentement dans la première moitié du XIXème. Mais c’est dans cette période que le rhum commence à arriver dans les commerces et cafés français. En 1854, Napoléon III supprime les droits de douane frappant le rhum en France afin d’alimenter les soldats engagés dans la Guerre de Crimée. Le rhum arrive massivement en France et les négociants se multiplient.
La concurrence portuaire du rhum (1854-1902)
Tous les grands ports de France profitent de cette libéralisation. On observe que les maisons de spiritueux déjà existantes ajoutent le rhum à leur gamme.
A Marseille, 18 231 hL arrivent dans le port en 1865. Dans les années 1880, les maisons Gérard Frères, Campredon et Lambert dominent ce marché. Mais Marseille vit un paradoxe: les marques se multiplient à la fin du XIXème siècle alors que les importations baissent.
Cet éparpillement du marché du rhum exprime deux réalités différentes. La première est la hausse de consommation d’alcool en France. Celle-ci est multipliée par 4 entre 1820 et 1880. La seconde est la formation du Second Empire colonial français en Afrique où les Marseillais investissent massivement au détriment des Antilles. Beaucoup de rhums transiteront d’ailleurs par Marseille pour être envoyés en Afrique.