L’industrie rhumière a non sans mal traversé la Seconde Guerre mondiale. Sous la houlette de l’amiral Robert, l’île des Antilles a dû faire face au tarissement du marché métropolitain du fait d’un embargo mis en place par les alliés, s’est tourné vers le marché américain, même vers la production d’alcool à brûler, avant de rallier la France Libre en 1943.
Le 14 septembre 1939 fut nommé à la Martinique un personnage emblématique dont le seul patronyme évoque une période pour le moins difficile dans la mémoire collective, celle de la Seconde Guerre mondiale. L’amiral Georges Robert, haut-commissaire de la République, fut chargé par le gouvernement de Vichy de l’administration des Antilles et de La Guyane. Une de ses principales tâches fut la préservation des intérêts de la France, contre les velléités d’annexion américaines ou allemandes.
Les échanges économiques entre la France et les colonies furent quasiment interrompus au lendemain de l’armistice de juin 1940, alors qu’ils représentaient 90 % des exportations globales. Ce fut alors un véritable désastre. À partir de l’armistice du 22 juin 1940, les Allemands réquisitionnèrent tout ce qui venait des Antilles et de Guyane. Ainsi, la cargaison de deux cargos, « L’île d’Aix » et le « Sèvre », qui transportaient du sucre et du rhum vers la France fut saisie par les autorités occupantes.
Cette cargaison de 800 fûts, débarquée à Bordeaux avant l’armistice, ne fut remboursée aux assurés qu’en novembre 1942. Bordeaux occupée, il ne restait alors pratiquement que le port de Marseille en zone libre. Mais dès 1941, 25 à 30 % des denrées venant d’outre-mer et débarquées étaient prélevées ou plus exactement réquisitionnées par les forces occupantes. Même l’éventualité d’un accostage à Marseille devenait problématique.
Un quasi-embargo
En outre, l’ordre avait été donné à la flotte britannique de couler ou saisir tous les navires en provenance d’outre-mer afin que les forces allemandes ne puissent bénéficier des denrées en provenant. Dans ce même temps, l’Afrique du Nord était en demande de carburant et de rhum, mais l’Angleterre n’autorisait pas ces expéditions, qui continuèrent néanmoins, mais aux risques et périls des négociants français.