Une année 2024 compliquée pour les spiritueux (dont le rhum) !

Le 12 juin dernier la Fédération Française des Spiritueux a publié les chiffres du marché (domestique et export pour 2024). Et ils ne sont pas bons, sans pour autant être catastrophiques.

Photo d’illustration

En France, la baisse de la consommation représente -2,6% en volume et la part du budget alloué aux spiritueux représente 3,8% des achats de Produits de Grande Consommation – Frais Libre-Service (PGC-FLS), soit le plus bas historique depuis 10 ans.

Les ventes de spiritueux baissent en volume pour la 4ème année consécutive en GMS, pour atteindre 247 millions de litres (-3,8%), et pour la première fois en valeur depuis 2018, à 4,9 milliards d’euros (-3,6%). Cette évolution traduit une perte du nombre d’acheteurs, mais également une mise en pause de la premiumisation qui avait jusqu’à présent été moteur dans la bonne santé relative du marché (elle permettait de compenser la baisse des ventes en volume).

En volume justement, les whiskies sont en baisse de -4,6%, les anisés de -5,8% et les rhums de -3,60 %. ils représentent 14,2 % du marché derrière les anisés à 19,3 % et les whiskies à 37,8%. En valeur, toujours concernant le rhum la baisse est de 3,50 %. . Le segment « plaisir » reste résilient : les alcools blancs (-0,8%) et les liqueurs (-3,1%), piliers d’une mixologie meilleure marché, résistent mieux

Un effritement dans le CHR

En CHR, la consommation s’effrite à -2% en volume pour atteindre 20,8 millions de litres, soit une baisse de -1,8% en valeur. Les spiritueux résistent cependant mieux que les autres segments alcool en berne, à -2,6% en moyenne. Le rhum y enregistre toutefois une baisse de -9,2 % en volume (17,3 % des ventes).

Globalement, toujours selon la FFS, la consommation de spiritueux est en baisse de 50% depuis les années 80. Cette tendance s’accentue, puisque ce sont les jeunes générations qui déconsomment le plus vite : la part des non-acheteurs d’alcool (à domicile) a progressé de 50% chez les 18-34 ans entre 2020 et 20243 .

L’export dans l’incertitude

L’export, qui représente 50% de la valeur dégagée par la filière, s’est contracté de 6% en 2024, après une baisse de 12% en 2023. C’est le Cognac, qui représente les deux tiers des expéditions, qui a le plus souffert, avec une perte de valeur de -10,9%. Le rhum représente 3 % des ventes en valeur à l’export et présente une baisse de -3,8%. En volume, ils représentent 6,2 % et leur marché se contracte de -6,50%.

Les marchés chinois et américains, qui représentent 63% de la valeur exportée, sont les plus touchés. Depuis le lancement de l’enquête antidumping par la Chine sur les eaux-de-vie européennes en janvier et la menace de droits supplémentaires de 35% en moyenne, les exportations ont fondu de près de 30% sur cette destination, ramenant la part des expéditions asiatiques de 34% en 2023 à 28% en 2024. L’élection de Donald Trump marque le début d’une forte incertitude sur les expéditions américaines.

La FFS rappelle que la filière des spiritueux joue un rôle économique majeur : elle participe à maintenir plus de 150 000 emplois dans les territoires, et induit 17 milliards d’euros de produit intérieur brut.