Nous avons contacté les distilleries Rivière du Mât, Isautier et Savanna afin de faire un premier bilan de cette catastrophe naturelle.
Le 16 janvier dernier, le cyclone Belal touchait la Réunion. S’il n’a pas été aussi destructeur que redouté, il a tout de même provoqué son lot de drames avec notamment la mort de quatre personnes.
Les pluies diluviennes, les vents atteignant 200 km/h ont notamment provoqué des coupures de courant, de téléphone, d’eau… et de nombreux dégâts, notamment au niveau des habitations avec des toitures et des clôtures arrachées, de nombreuses infiltrations d’eau… La reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle a été accordée aux 24 communes que compte le département d’outre-mer (pour 873 100 habitants).
Les cannes à sucre ont souffert
Mais c’est surtout la filière agricole qui paraît avoir le plus souffert : horticulture, fruits et légumes et bien sûr… canne à sucre qui selon la chambre d’agriculture de la Réunion couvrent 54 % de la surface agricole utile, avec près de 2 800 exploitants qui y consacrent tout ou partie de leur activité.
Les inondations et coulées de boues ont en effet rendu impraticables nombre de plantations (présence trop importante d’eau, de débris, de cailloux…) et on a couché des cannes un peu partout sur l’île. Contacté via l’entremise de Samuel Pitach (Savanna-Charrette), Médéric Barau, le dirigeant de la société Adrien Bellier, l’un des principaux acteurs de la canne à sucre sur le bassin Nord est Réunionnais et l’un des partenaires réunis dans le groupe La Réunionnaise du Rhum, le groupe qui détient les marques Savanna et Charrette, ainsi que la distillerie Savanna, raconte : « Nous avons bien entendu subi les effets de la tempête Belal. Les vents associés au sel des embruns marins ont “brulé” par endroit les feuilles des cannes. Les fortes pluies ont aussi fait des dégâts et lessivé un peu les sols. Cela entraînera à coup sûr une baisse de rendement pour la future campagne. Cette baisse n’est toutefois pas quantifiable, en particulier en raison de la campagne 2023 particulièrement chaotique. Notre moyenne habituelle est plutôt à 97,5 t/ha et 11,8 de richesse. Nous nous attendons donc à faire moins bien que notre volume habituel en 2024 à cause de la récolte tardive en 2023 et du cyclone Belal. Pour la campagne 2023, la société Adrien Bellier réalise une bonne campagne en volume (105 t/ha), mais une très mauvaise richesse (11,23). »
Du côté de la distillerie Savanna elle-même, les dégâts sont mineurs et dès le 19 janvier dernier Samuel Pitarch nous apprenait que Savanna avait repris les opérations normalement : embouteillages, maintenance à la distillerie qui est en intercampagne.
Du côté de Rivière du Mât, le directeur de la distillerie Teddy Boyer nous apprenait que la distillerie à Saint Benoît dans l’est et les chais de vieillissement à Saint Louis dans le sud, n’avaient pas subi de dégâts. Chez Isautier, on se félicitait qu’aucune victime n’ait été à déplorer. « C’est le plus important, témoigne Cyril Isautier qui dirige la branche rhum du groupe. Nous avons redémarré l’usine ce 19 janvier, après quatre jours passés à tout remettre en ordre de marche et le temps de récupérer eau et électricité. Les plus grosses pertes sont à constater au niveau des champs de canne, j’attends encore le bilan des équipes agricoles, mais je redoute le pire dans les hauteurs où les vents ont été extrêmement violents. »