Nouveautés Neisson : pour qui sonne le glas !

Et oui. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Ces quatre nouveautés dont je vais vous parler annonce tout bonnement la fin de certaines références ayant fait la réputation de Neisson. A commencer par ma très regrettée Cuvée du 3ème Millénaire. Enfin la fin. Pas totalement car nous en retrouverons une partie dans ce nouveau XO. Vous pouvez cependant dire d’ores et déjà adieu aux Réserve Spéciale et Extra Vieux que vous connaissiez. Mais rentrons dans le vif du sujet, il est temps de vous présenter enfin ces fameuses nouveautés.

Profile 105 : 70 cl / 54,20 %

NeissonDerrière cette appellation atypique se cache le nouveau rhum Élevé Sous Bois de la marque.

Pour cette nouveauté, finis les  foudres de 2000 et 5 000 litres. Nous sommes ici en présence de fûts neufs provenant de la maison World Cooperage. Après de nombreux essais, furent finalement retenus des fûts de 225 litres à grains fins composés à parts égales de chêne français et américain et séchés durant 36 mois. Le nom provient du profil de chauffe retenu qui est une exclusivité Neisson.

Un premier passage d’un rhum blanc pendant 4 mois a permis de diminuer les tanins et l’amertume des fûts neufs. La mise en vieillissement qui dure 20 mois a débuté le 23 février 2015 dans 15 fûts. En octobre 2016, 6 fûts sont dirigés vers le compte«élevé sous bois» et dépotés vers un foudre de 2000 litres afin de les commercialiser en brut de fût sous le nom de Profil 105 à 54,2 %.

La production de l’élevé sous bois classique n’est pas pour autant stoppée. Cette nouveauté vient juste en complément et en petit volume.

Note de dégustation fournie par le producteur:
Nez : Intense avec des notes d’agrumes légèrement épicées, café torréfié et abricot pays

Bouche : Complexe et fondante. Epicée (cannelle, muscade), des notes de réglisse et de canne fraîche

Finale : Longue et équilibrée.

Le Vieux par Neisson : 70cl / 45 %

NeissonLe Vieux par NEISSON remplace le Réserve Spéciale et propose un assemblage différent passant de 42 à 45%. Cet assemblage est à 40% issu de fûts en chêne roux français mis en vieillissement le 20 novembre 2013, à 40% de chêne américain mis en vieillissement le 30 juillet 2013 et à 20% de petits fûts de 190 litres en chêne américain mis en vieillissement le 28 décembre 2007 . Je dois avouer beaucoup aimer ce nouveau packaging sobre et classe à la fois.

Note de dégustation fournie par le producteur :

Nez : Harmonieux et fruité avec des arômes fondus de boisé, de vanillé de miel et de fruits séchés.

Bouche : Vive, gourmande. Pleine d’harmonie aux tanins très fondus, qui évoque tantôt les fruits exotiques tantôt la canne à sucre.

Finale : Ample et soyeuse.

XO par Neisson : 70 cl/48,5 %

Voici maintenant le remplaçant de l’actuel Extra Vieux.

NeissonCe dernier ne remportait pas toutes les faveurs parmi les amateurs de rhum. Non qu’il fut mauvais, hein, loin de là même mais force est de constater que c’était le moins facile à appréhender de la gamme. Au premier abord, il était assez dur avec un boisé très prononcé. Il suffisait pourtant de lui laisser le temps de se dévoiler, de se livrer pour qu’il libère toute sa complexité et qu’il s’adoucisse. Mais de ce fait bon nombre de consommateurs s’en sont détournés. Ce qui est fort dommage.

Dans cette nouvelle mouture, nous retrouvons une partie du nectar qu’était la Cuvée du Troisième Millénaire, mais pas que.  Ce XO se compose donc à 10 % de 12 ans, 70 % de 11 ans et 20 % de 2007.  Je ne vous cache pas que ca me laisse un peu rêveur et qu’il me tarde d’y goûter (ce qui ne saurait d’ailleurs tarder). Notons au passage que l’Extra Vieux était à 45 % et que ce XO passe à 48,5 %.

Le vieillissement débute en fûts neufs en chêne français. Puis petit à petit le rhum est transféré  en fûts de plus en plus âgés.

Nous retrouvons un packaging similaire à celui du vieux. Les « anciennes » étiquettes reste donc semble t’il réservées aux millésimés et à la gamme 12/15/18/21 ans.

Note de dégustation fournie par le producteur:

Nez : Des notes gourmandes de fruits confits, chocolat vanillé et épicé agrémenté d’un léger boisé.

Bouche : Onctueuse et élégante. Quelques notes d’agrumes, de fruits exotiques avec une petite pointe d’épices.

Finale : Longue et sensuelle.

Neisson 12 ans : 70 cl/52,7 %

Ce 12 ans qui vient compléter la célèbre, et monstrueusement bonne, gamme des 15/18/21 Neissonans a été récolté et distillé en 2004. Il a patiemment vieilli en fûts de chêne américain avant d’être affiné en foudre de chêne du Limousin. L’embouteillage « brut de fût » a eu lieu en décembre 2016. Il n’a donc qu’un an de plus que le millésime 2004 qui lui fut embouteillé en juillet 2015. La confrontation entre les deux peut donc être intéressante. Soyez certains que mon abnégation et mon sens du devoir me pousseront à le faire.

Note de dégustation fournie par le producteur:

Nez : Ample avec des notes boisées de cacao et de fruits confits qui se mêlent aux fragrances épicées de la cannelle et du gingembre.

Bouche : Onctueuse et exotique. Quelques notes d’agrumes, d’épices (muscade, cannelle) mais aussi une fraîcheur végétale.

Finale : Longue et luxuriante.

Voici donc quatre très belles nouveautés proposées par NEISSON. Je n’ai malheureusement pas pu confronter directement les ESB et XO que je n’ai plus dans mon bar.  J’ai donc confronté le XO au Troisième Millénaire et le Profile 105 à mes souvenirs de l’ESB. J’ai ensuite opposé le 12 ans au 2004 et le Vieux au Réserve Spéciale.

Qu’en ressort il ?

NeissonLe profile 105 est une véritable claque ! Comment 20 petits mois peuvent ils donner autant de caractère et de force à un rhum ?!?! J’aimais beaucoup l’ESB qui présentait un charme indéniable malgré sa jeunesse. Mais ce profil 105 est tout bonnement bluffant. A l’aveugle je suis persuadé que la plupart d’entre nous se laisseraient duper et penseraient avoir à faire à un rhum vieux. Il présente d’ailleurs une robe plus proche de celle d’une femme mature que d’une petite jeunette à la sortie de la fac. Et il en est de même pour le tempérament. Bien entendu le titrage influe sur cette perception, mais ça ne fait pas tout. On est clairement sur un rhum trompeur qui cacherait bien volontiers son jeune âge pour se mêler aux plus vieux.

Venons en au comparatif Réserve Spéciale/Vieux.

Le Réserve Spéciale est pour beaucoup trop plat et trop doux. Il est vrai que c’est probablement celui de la gamme présentant le moins de caractère, mais c’est également le plus facile à appréhender. D’autant plus pour les novices. Malgré sa légèreté, je trouve qu’il apporte les marqueurs Neisson mais dans un écrin de douceur. Oserai-je employer l’expression « petit lait » ? Oui, j’ose.

Mais avec ce Vieux par Neisson on change d’univers. Fini la douceur, nous ne sommes plus en présence d’un rhum de fillette. Il présente beaucoup plus de corps et de caractère que son cousin. En contrepartie il demande plus de temps pour se laisser apprivoiser. Prévoyez, à l’instar de l’Extra Vieux, de le laisser respirer et éventuellement de réchauffer votre verre au creux de vos mains pour en tirer tout son potentiel.

Attaquons nous maintenant au XO. Sur le papier cet assemblage est des plus prometteur. Et ce n’est pas de la publicité mensongère. Nous avons ici à faire à un rhum assez lourd, laissant de belles jambes sur les parois du verre. La robe est plus claire que celle du Troisième Millénaire mais le nez est bien plus puissant.

Le premier contact en bouche ne laisse pas planer de doute. Il lui faut à lui aussi du temps pour être apprécié. Un Neisson ça se mérite. Comparativement, le 3M se dévoile plus rapidement. Après quelques minutes dans le verre, le nez s’adoucit. La bête s’assagit. Mais il convient tout de même d’attendre encore. A l’issue de cette longue attente, on se retrouve face à un rhum très puissant à l’attaque mais offrant paradoxalement une belle douceur et une vraie complexité en bouche.

Alors attention, ça reste virile. Couillu dirai-je même. Le lien de parenté avec son petit frère est évident. Ce qui était moins probant avec les Réserve Spéciale et Extra Vieux. Le cousin Troisième Millénaire semble également montrer le bout de son nez mais n’étant pas un dégustateur avertit, cela vient peut être uniquement de ma tête.

Ne reste plus que le choc des titans. 12 ans vs 2004.

Ce 12 ans  étant un millésime 2004 légèrement plus âgé et légèrement plus puissant (52,7 % contre 45,4%). La encore le lien de parenté est indéniable. Mais quelle famille !!!!

Le 12 ans prends quelque peu le dessus de part sa puissance et sa formidable longueur. Mais cela en fait il un meilleur rhum que son petit frère ? Difficile à dire. Très honnêtement, nous avons ici à faire à deux très grands rhums qui évoluent dans les hautes sphères agricoles. Deux produits superbes qui méritent leurs places dans vos bars et vos verres et une reconnaissance digne de leur rang.

En résumé, je dirais que Neisson enfonce le clou avec ces nouveautés et continue de s’imposer comme la meilleure maison. Cette nouvelle gamme (profile 105/vieux/xo) est d’une incroyable homogénéité. Pas d’artifices, on va droit à l’essentiel avec ces rhums. Pas de « finish », de fûts « exotiques », de mono variété. Juste un terroir, de la canne et un incroyable  soin apporté au vieillissement et aux assemblages.

Qui plus est, nous pourrions étendre la comparaison aux blancs. Qu’il s’agisse du sublime 52,5 ou du « simple » 55, nous retrouvons cette trame aromatique, cette colone vertébrale autour de laquelle s’articule la gamme Neisson. Du grand art.

Alors ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit hein. Je ne critique pas les finitions ou les choix mono variétaux. Certains de ces rhums sont tout simplement excellents. Je dis simplement qu’à une époque où de nombreuses maisons se tournent vers de nouveaux concepts pour séduire le public, Neisson se tourne vers l’essentiel à savoir l’authenticité et nous offre une gamme incroyable.

Je ne vous parlerai par contre pas de la gamme 12/15/18/21 ans dans la mesure où je n’ai pas encore pu les comparer. Mais à coup sur, ce 12 ans est la première marche vers l’exceptionnel !!!

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