Entre réparations locales et expertises internationales, entretenir les machines d’une distillerie demande organisation et anticipation. Grégory Vernant (Neisson) nous explique comment il s’adapte pour faire tourner la distillerie, malgré les défis techniques et logistiques.
Comment faites-vous pour réparer les différentes machines de la distillerie ? Le moulin par exemple ?
Il y a de gros pays producteurs de moulins, comme l’Inde, le Pakistan, mais le meilleur c’est le Brésil. Dans l’État de Sao Paulo, il y a 800 distilleries, et à Ribeirao Preto, il y a le plus gros centre lié à la canne au monde. C’est un peu la Silicon Valley de la canne à sucre. Donc lorsque j’ai un problème avec un moulin, c’est vers le Brésil que je me tourne.
Et concernant la distillation ?
Sur la partie distillation, c’est vers la France. Mais, comme je suis prévoyant, j’ai toutes les pièces en double en ce qui concerne ma colonne à distiller en cuivre. Donc, lorsque j’envoie un tron- çon en réparation en France, je peux immédiatement le rem- placer. Je travaille avec une entreprise qui s’appelle Sofac, à Condom. Mais d’autres, comme Chalvignac, travaillent très bien aussi. C’est vrai que la France est loin, mais on est un département français, donc en cas de problème c’est plus facile de travailler avec le territoire métropolitain.
Pourquoi effectuez-vous des réparations ?
L’épaisseur des tuyaux peut par exemple diminuer avec le temps, les effets de la distillation, l’introduction de sable dans le système… On peut également changer des enveloppes, l’intérieur des calottes qui peuvent se percer.
Est-il difficile de trouver des pièces de rechange ?
Les pièces ne sont pas difficiles à avoir, mais elles coûtent de plus en plus. J’ai le souvenir de payer des pièces 75000 francs avant le passage à l’euro et aujourd’hui elles sont à 75000 €!
Et localement, quel est l’état des compétences ?
Pour les moulins, c’est compliqué de trouver localement, car tout ce qui touche à l’agriculture n’intéresse pas beaucoup les jeunes. C’est plus facile sur la partie distillation, il y a en Martinique de très bons soudeurs, même s’ils ont plus l’habitude de travailler sur de l’inox. Et puis, chez Neisson on a le matériel et les compétences nécessaires pour réaliser des travaux de réparation.
D’autres difficultés à signaler ?
On a quand même du mal à trouver des chaudières à biomasse en France, notamment les petites unités. Elles sont trop grosses et sont pensées pour fonctionner à la sciure de bois, pas à la bagasse… les normes sur les rejets de poussières ne sont pas adaptées non plus.