A Maurice, l’histoire de la canne à sucre commence en 1639 lorsque les Hollandais l’importent de l’île de Java. Ils produisent alors quelque temps de l’eau-de-vie de sève de latanier, palmiers que l’on trouve sur l’île.
Cependant cette denrée se faisant rare, les Hollandais se tournent vers l’eau-de-vie de canne. La production sucrière, elle, ne réussit pas réellement à se développer car l’intérêt pour le sucre sur cette île est relativement tardif (1694), mais aussi parce que les champs sont ravagés par des maladies dans la deuxième moitié du XVIIème siècle. Les Hollandais décident d’abandonner l’île en 1710 et détruisent leurs installations.
En 1715, les Français prennent possession de l’île et la baptisent « Isle de France ». Ils ne maîtrisent pas les méthodes de distillation des Hollandais. Les premières sucreries pérennes et distilleries sont réellement implantées vers 1740 et cet arak, nom donné aux eaux-de-vie, satisfait les besoins de la population locale.
Vers 1744, Mahé de la Bourdonnais crée la sucrerie de la Villebague à laquelle il annexe une distillerie. Dans les années 1760, la canne dite « Canne de Batavia », ayant de meilleurs rendements, est introduite et va assurer la prospérité de l’île jusqu’à la Révolution française. En 1781, un mémoire rédigé par Cossigny, s’intéressant à la fabrication de la guildive et du tafia à l’Isle de France, nous informe qu’on y fabrique du rhum agricole appelé guildive, du rhum issu des gros sirops et des écumes appelé tafia, ainsi que du rhum de mélasse, appelé « une espèce de tafia ».
On y trouve aussi du rhum fait à la fois à partir des gros sirops, des écumes et du vesou. Cossigny rédigera un second mémoire sur le sujet en 1789. A cette époque, l’arak n’a pas les faveurs de la haute société qui importe des eaux-de-vie et du vin de métropole, et le rhum est distribué aux esclaves déportés de Madagascar et du Mozambique principalement.