Focus distillerie : Appleton Estate, la Jamaïque toute en finesse

Aux côtés des autres légendes jamaïcaines comme Worthy Park, Long Pond ou Hampden, Appleton Estate écrit sa propre histoire, différente. D’abord parce que cette distillerie fondée en 1749 est un single estate, ensuite parce que la marque distille et assemble à la fois des rhums d’alambic à repasse et des rhums de colonne, ou encore parce que son master blender, Joy Spence, est une femme. Cela donne des rhums expressifs mais équilibrés, fins et complexes, traditionnellement marqués par des jolies notes d’écorce d’orange.

Appleton champs

L’histoire de la Jamaïque n’a pas commencé avec l’arrivée de Christophe Colomb, mais avec celles des Taïno vers l’an 1000. Elle prend un tour tragique en 1494 à l’arrivée du conquistador, qui revendique alors l’île des Caraïbes pour le compte de la couronne espagnole. Les Espagnols commencent à coloniser Santiago (le nom qu’ils ont donné à l’île), asservissent les Taïno, et dès 1517 commencent à faire venir des esclaves africains pour y cultiver le tabac, ou la canne à sucre.

L’île reste sous domination espagnole jusqu’en 1655, date à laquelle les Anglais s’en emparent. Cependant, ce n’est que 100 ans plus tard avec l’arrivée de planteurs en provenance de la Barbade (à partir de 1660), que la Jamaïque deviendra réellement une île sucrière.

Jusqu’en 1791 et la révolte des esclaves de Saint-Domingue (alors colonie française) la Jamaïque est en concurrence avec sa voisine pour la place de numéro 1 du sucre mondial. Après la partition de l’île (Haïti d’un côté, la République Dominicaine de l’autre) et la chute de la production du sucre, c’est la Jamaïque qui devient le principal fournisseur de sucre et de rhum de l’empire Britannique.

Appleton alambic

Au cours des 18e et 19e siècle, le rhum de la Jamaïque est considéré comme le meilleur au monde. Ce n’est qu’avec la fin de l’esclavage en 1834, la montée en puissance des autres iles des Caraïbles (la Martinique en tête), puis des crises du sucre successives, que cette place lui sera contestée. Le 20e siècle verra l’île gagner son indépendance, mais aussi son industrie du sucre et sa production de rhum chuter dangereusement.

La Jamaïque comptait 140 moulins à sucre en 1900, seulement 48 en 1922, 27 en 1943,et 6 en 2009. Depuis le début du 21e siècle et surtout depuis 2010, le rhum Jamaïcain a regagné ses lettres de noblesse et fait l’objet d’un véritable culte de la part des aficionados.

Appleton Estate dans l’histoire

Les premières mentions d’Appleton Estate datent quant à elles de 1749, même si le domaine a probablement été créé en 1655 par Frances Dickinson, au moment de la prise de pouvoir des Anglais. 1749 est aussi la date officielle du début de la production de rhum. En 1845 le domaine, où 17 hectares de canne à sucre sont cultivés, quitte le giron des descendants de Frances Dickinson, et devient la propriété de William Hill.

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