Interview réalisée le 06/04/2020
Rumporter : Le Corona virus est vivace sous vos latitudes ? Pouvez-vous nous faire un point à date de l’évolution de la maladie à Maurice ?
Didier Noël : Malheureusement pour nous, malgré ce que certains ont pu dire, ce virus ne disparait pas comme un miracle avec les chaleurs de l’été. L’ile Maurice est en « couvre-feu sanitaire » sans préavis depuis le Vendredi 20 Mars. Notre distillerie est donc à l’arrêt depuis ce jour. Nous avons heureusement les stocks nécessaires pour répondre la demande sanitaire local et international jusqu’à juin. Nos clients Européens, que nous continuons à livrer, ont eu une dérogation pour utiliser notre rhum léger à 95% à des fins sanitaires. Nous réservons les stocks prévus pour la production de spiritueux locaux afin de satisfaire la demande de nos cousins Africains. Et à ce jour, nous avons des demandes de Madagascar , de L’Afrique du Sud et des pays la côte est avec qui nous travaillons en contrat ou occasionnellement pour un volume annuel ded 4 M de litres .
R : Pouvez-vous nous raconter concrètement comment vous vous êtes organisés sur le site de production. Quels métiers sont en télétravail, au chômage partiel ou nécessitent une présence physique ?
DN : Les équipes administratives sont évidemment en télétravail. Après une semaine de « couvre-feu sanitaire », nous avons obtenue de l’Etat des permis pour les volontaires, que je tiens à remercier. Nous pouvons grâce à eux palier aux différentes urgences : satisfaire les demandes et besoin domestiques et export des alcools destinés à des fins sanitaires. Dans les semaines à venir, nous espérons que la situation nous permettra de redémarrer les opérations de distillation en équipes réduites et d’épuiser nos mélasses pour passer en pleine capacité en juin lors du démarrage de la campagne 2020. Les conditions climatiques à ce jour nous promettent de belles cannes pour d’intéressantes distillations pures jus en colonnes et pot still.
R : Récemment en France, le gouvernement via plusieurs décrets ministériels a facilité le don d’alcool de bouche aux pharmaciens et autre opérateurs habilité à produire du gel hydroalcoolique ? Les « rhumiers » de Martinique et de Guadeloupe se sont organisés pour donner de l’alcool aux administrations locales. Est-ce que l’île Maurice souffre du même manque en gel hydroalcoolique, est ce que vous avez pu mettre quelque chose en place?
DN : Nous avons bénéficié de l’entière collaboration des douanes qui nous ont permis de dénaturer notre alcool, ce qui nous exonère des droits et taxes. Les distilleries Mauriciennes ont fort heureusement été proactives, et donc évité toute rupture de gel hydroalcoolique pour les hôpitaux et l’utilisation domestique.
R : Savez-vous quelles conséquences, la crise impliquera sur votre propre production de rhum ?
DN : Pour ce qui est de nos marques de rhum, à ce jour il est évidement que notre marche domestique est à l’arrêt complet. On ne sait pour combien de temps et encore moins en ce qui concerne le tourisme. Nous avons toujours des demandes de certains de nos clients étrangers que nous pouvons servir garce à nos plateformes sur les quatre continents. Il est évident qu’il y aura un ralentissent très sensible compte tenue de la crise mondiale qui nous affectera sur les deux années à venir. En amont, nous notons une confiance réciproque avec les clients qui sont en contrat de vieillissement de rhums en vrac chez nous, et n’avons noté aucune annulation. Tout au contraire, nous avons eu encore des demandes ces dernières semaines. Doit-on y voir un signe de stabilité et un optimisme pour les rhums d’origine de qualité ?
R : Avez-vous déjà perçu un impact de la crise sur les ventes ?
DN : Les amoureux du rhum le resteront malgré tout, à nous de nous adapter en restant créatifs et leur pourvoir des offres à la hauteur de leurs attentes.
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