Arhumatic, des rhums nordistes gorgés de soleil

Partons à la découverte d’Arhumatic. Fondée par Thierry et Clémence Ogez, d’anciens vendeurs de fruits et légumes en primeur, cette jeune entreprise lilloise a su s’imposer dans le paysage ultra-concurrentiel des arrangés, grâce à ses rhums guadeloupéens dans lesquels macèrent des fruits de saison. Et depuis son partenariat avec La Maison du Whisky, Arhumatic a même posé son pavillon en Jamaïque chez Hampden ou en Haïti avec Casimir.

Arhumatic

Fabien Humbert : Parlez nous de la genèse d’Arhumatic, comment vous est venue l’idée de produire des rhums arrangés ?

Thierry Ogez : Avec ma femme Clémence nous étions primeurs à Lille, c’est à dire vendeurs de de fruits et légumes, pendant 10 ans. Nous étions intraitables sur la qualité des produits que nous vendions. A partir de 2008, nous avons commencé à nous amuser à faire des arrangés avec des produits que nous avions écartés de la vente, mais c’était pour nous et nos amis et non destiné à la vente.

FH : Et comment s’est faite la bascule vers une activité professionnelle ?

TO : En 2014, nous voulions changer d’activité, et nous avons revendu notre magasin, sans trop savoir ce que nous allions faire par la suite. On s’est alors souvenu du petit succès que nous avions eu avec nos arrangés et on s’est dit que ce serait pas mal de se lancer. Il faut dire que si on était un peu amateurs de rhums et qu’on connaissait très bien l’univers
des fruits et légumes, on ne connaissait pas vraiment le marché des arrangés. Mais nous nous sommes lancés et nous avons loué un local, petit un labo, où nous avons commencé à produire en se positionnant sur le haut-de-gamme.

Arhumatic

FH : Il a quand même fallu sourcer du rhum !?

TO : Oui bien sûr ! Nous nous sommes rapprochés de Damoiseau en Guadeloupe et nous avons commencé à travailler avec eux. C’est d’ailleurs toujours notre plus important fournisseur de rhum. Nous avons fait des essais avec des rhums à fort degré, mais au final il nous a semblé que le rhum à 40° était la meilleure base pour mettre en valeur nos fruits et produits d’épicerie fine.

FH : Et qu’en est-il des fruits et légumes ? Vos ‘collections’ jouent sur la saison, ‘printemps-été’, ‘automne-hiver’ .

TO : En tant que primeurs nous vendions surtout des produits de saison et nous nous sommes appuyés sur cette expérience pour proposer des fruits frais, de saison dans nos rhums arrangés. Nous ne voulons pas aller chercher de la framboise du Mexique parce que ce n’est plus la saison en France. Nous portons aussi une grande attention au respect de l’environnement, nos fruits ne sont donc pas issus de l’agriculture intensive.

FH : Et quid des matières premières qui viennent de loin ?

TO : Nous faisons appel à notre réseau de grossistes du MIN (marché d’intérêt national) de Lille, qui est le deuxième plus gros derrière Rungis. Les fruits sont un produit vivant donc il faut savoir les utiliser au bon moment. C’est un savoir-faire.

FH : Est-ce que d’une année sur l’autre vous parvenez à reproduire les mêmes goûts dans vos collections ?

TO : En fait, cela dépend des fruits. Certains sont très stables selon les années de production, d’autres sont plus irréguliers, comme les abricots ou les pêches. Nous avons abandonné ce type de macérations faute de certitudes d’avoir la même qualité l’année suivante. Sauf dans le cadre d’une série limitée bien sûr.

Arhumatic

FH : Comment se passe la production des rhums arrangés Arhumatic ?

TO : On réceptionne les produits, on les déconditionne, on les lave, on les épluche, on les coupe, puis on pèse les préparations, on fait les dosages et on met les produits dans les bouteilles avec le rhum… le tout à la main ! Même le bouchage. Sachant que nous avons sorti 80 000 cols en 2020… Ce sont toujours les mêmes méthodes qu’il y a 8 ans en fait. Aujourd’hui nous sommes 5 dans l’équipe, dont une personne qui se consacre à l’administratif, mais qui vient nous donner un coup de main en cas de grosses commandes.

FH : La macération des fruits se fait-elle avant en cuve, ou dans la bouteille ? Il y a deux écoles en matière de rhums arrangés.

TO : La macération des fruits se fait dans le flacon. Nous avons élaboré un cahier des charges précis, donc tout est normé et on arrive à avoir une régularité dans les produits. Bien sûr nous n’excluons pas de faire des essais avec des macérations dans des cuves,
avant la mise en bouteille. Au-delà du côté visuel (on voit les fruits dans le flacon transparent), nous voulons justement que le produit évolue dans le temps. La dégustation ne sera pas la même, quelques semaines après l’ouverture, le rhum sera peut-être
un peu plus présent par exemple. Encore une fois ce sont des produits vivants.

FH : Parlons degré d’alcool, il tourne souvent autour de 30° ?

TO : Plutôt 28 ou 29°. Nous avons essayé des degrés plus élevés, et nous en sortons parfois dans des séries limitées, mais c’est le degré qui nous convient le mieux pour notre gamme standard. Et il faut le dire, celui qui correspond à une majorité de consommateurs. Les rhums à plus hauts degrés sont plutôt destinés aux geeks du rhum.

FH : Quel est votre circuit de distribution ?

TO : En grande majorité les cavistes indépendants. C’est primordial car nous étions nous-mêmes commerçants indépendants avant de nous lancer dans le rhum. Ce sont des gens passionnés, qui aiment leurs produits et vont les mettre en valeur.

Depuis 3 ans nous avons confié notre distribution à La Maison du Whisky (LMDW), nous allons donc sortir de notre circuit de distribution habituel pour certains produits un peu différents.

Notre partenariat avec LMDW, et donc avec Velier, nous a aussi permis d’avoir accès par exemple au rhum jamaïcain Hampden, les clairins Casimir… Autant avec Damoiseau, le rhum a son importance mais ça va quand même tourner autour du fruit, autant avec les produits LMDW, c’est plutôt le rhum qui est mis en avant.

Nous sélectionnons les produits (toujours issus d’une culture locale) que nous faisons macérer de façon à ce qu’ils ne prennent pas le dessus. Par exemple pour Hampden LROK, nous avons notamment utilisé du café jamaïcain Blue Mountain.

FH : Et que nous réserve l’avenir ?

TO : Nous sortons en général 3 séries limitées par an, de façon à ne pas élargir trop la gamme, qu’elle reste cohérente. Nous sommes toujours en train d’affiner nos recettes donc il faudra attendre un peu pour en savoir plus !

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