Pour former les professionnels de demain, l’ensemble des élèves en formation vin & spiritueux de Kedge Business School ont désormais libre accès à tous les contenus de Rumporter. L’éducation est l’un des piliers de notre magazine et ce nouveau partenariat reflète cet engagement pour assurer la promotion du rhum et de sa culture.
Les spiritueux ont longtemps été les parents pauvres de l’enseignement dans les écoles et les cursus consacrés aux vins et spiritueux, mais c’est en train de changer.
Rencontre avec le Master of Wine Jeremy Cukierman, directeur de la Kedge Wine School, qui depuis deux ans a remis les ‘spi’, et parmi eux le rhum, sur le devant de la scène.
Fabien Humbert : Quelle est la place des spiritueux dans les diplômes que vous dirigez ?
Jeremy Cukierman : Nous proposons trois programmes qui traitent de spiritueux. D’abord notre programme le plus ancien qui est le master spécialisé Management des Vins et Spiritueux (l’enseignement se fait principalement en français) et son pendant anglais, le Master of Science Wine & Spirits Management.
Comme leurs noms l’indiquent, ces deux programmes traitent à la fois de vin et de spiritueux, à travers des études de cas dans les différents modules (management, marketing, législation…).
FH : Qui choisit de mettre l’accent sur les spiritueux que sur les vins ?
JC : Cela peut venir de l’enseignant. Mais aussi des étudiants, notamment à travers les travaux de groupe, de consulting ou les projets de thèse. Dans certains programmes, nous faisons aussi travailler les étudiants sur des projets environnementaux, dans ce cadre ils peuvent tout à fait décider de travailler sur une problématique concernant les spiritueux plutôt qu’une problématique vin.
FH : Et dans l’enseignement lui-même ?
JC : Il y a également un module complet qui ne traite que des spiritueux dans ces deux programmes. Il est coordonné par un certain Alexandre Vingtier (rédacteur en chef de Rumporter mais aussi enseignant à Kedge, NDLR). Le fait de donner une plus grande place aux spiritueux a été un choix fort de notre part.
C’est difficile de donner des pourcentages, mais pour être honnête je pense que les spiritueux représentaient 5% de ces programmes il y a quelques années, pour environ 30% aujourd’hui. C’est bien plus conforme aux attentes des étudiants et à la promesse que nous leur faisons.
FH : Et le rhum est-il présent dans cet enseignement ?
JC : Ce module consacré aux spiritueux fait plus de 50 heures durant lesquelles nous essayons de balayer l’ensemble des catégories, les méthodes de production, leur importance, leur place sur le marché, les tendances, avec bien sûr une composante dégustation. Le rhum est bien entendu traité (par l’incontournable Jerry Gitany, NDLR). Ce n’est que la deuxième année que nous avons surpondéré la partie spiritueux et les étudiants semblent ravis.
FH : Et qu’en est-il du 3e programme qui traite des spiritueux ?
JC : Il s’agit de notre programme Bac+2 en alternance et très professionnalisant, baptisé CAVES, acronyme pour Commercialisation Appliquée des Vins Et Spiritueux. Il forme aux fonctions commerciales au sens large (caviste, responsable export, chef de produit…). Du strict point de vue commercial, les spiritueux sont très intéressants.
Le panier moyen, le ticket d’entrée sont plus élevés que dans le vin, même si la fréquence d’achat est moindre. Dans ce cadre, le rhum est traité comme il se doit. C’est-à-dire un gros marché, très diversifié, mais avec quelques marques phares qui sont parmi les spiritueux les plus vendus au monde.
FH : Est-ce que beaucoup d’étudiants viennent avant tout pour la partie spiritueux ?
JC : Dans nos formations, que ce soient CAVES ou nos masters, la vocation première c’est l’employabilité. Énormément de nos étudiants font leur alternance ou leur stage dans des entreprises de spiritueux et ensuite continuent leur carrière dans le secteur.
Le marché se porte bien, il est porté par quelques groupes puissants qui sont de gros employeurs comme Pernod Ricard, Moët Hennessy, Diageo… dès lors, les étudiants sont demandeurs de formations sur le sujet. Après, cela dépend des profils, certains s’intéressent surtout au vin et sont contents d’avoir une « patine » spiritueux, alors que d’autres viennent spécifiquement dans nos programmes pour les spiritueux.