Swell de Spirits, récent acteur dans le monde des embouteilleurs indépendants, compte déjà deux cuvées (en rhum) en provenance de la Barbade et de la Jamaïque, malheureusement déjà « sold out ». Mais qui se cache derrière ce nouvel embouteilleur indépendant de spiriteux ? Rencontre avec le créateur de Swell de Spirits : Michaël Barbaria.
Adrien Bonetto : Peux-tu te présenter, quel est ton parcours ?
Michaël Barbaria : Je suis Michaël Barbaria, 37 ans, j’ai grandi en Ariège dans un petit village (Rieux de Pelleport), parti étudié sur Toulouse afin de commencer dans l’aéronautique en tant qu’Ingénieur Calcul de Structures, j’ai tout de suite compris que je n’étais pas fait pour dimensionner des avions…J’ai pris un sac à dos et je me suis dit pourquoi pas l’Australie afin de voyager, explorer et vivre de nouvelles expériences.
12 ans après et ayant vécu de belles aventures en Australie, Asie (par intermittence) , et Allemagne me voilà de retour en France avec une ma compagne et nos 2 enfants.
Mon parcours est atypique et riche de rencontres, forgé par ma soif d’apprendre, de découvrir, d’échanger et partager.
L’une de mes passions est le surf (que j’ai pu vraiment développer en Australie) et une autre qui me prend maintenant la majeure partie de mon temps est le monde des spiritueux. Je suis rentré par la petite porte en Mars 2021 dans cet univers qui me fascine en me lançant dans l’embouteillage.
La sélection de spiritueux chez les producteurs ou au travers de courtiers, toujours en gardant l’état d’esprit initial sans se prendre la tête et y trouver du plaisir. J’ai pris des cours en Ecosse sur la distillation et auprès de certaines distilleries sur place avec énormément de visites, de plus ma femme est Ecossaise, peut-être ce qui a permis de croire encore plus au projet 😊 (tous les signes sont réunis).
AB : Comment es-tu devenu embouteilleur indépendant ?
MB : Je crois beaucoup au développement continu (ton meilleur investissement est sur ta propre éducation) et le fait de se sortir de sa zone de confort me donne une pression stimulante. Dans une vision sur du long terme et afin de parfaire mes connaissances, j’ai repris des études en 2017 et me suis lancé dans un Exécutive MBA pour étudier des domaines en dehors de mes connaissances industrielles et de l’ingénierie. Ces études m’ont permis de m’ouvrir à un monde nouveau.
Il y a quelques années en arrière, j’ai commencé à développer un goût et un intérêt pour le whisky, en particulier les single malt Scotch Whisky. Par la suite j’ai commencé à suivre des passionnés similaires sur les réseaux sociaux, j’ai assisté à des événements sur le whisky et j’ai commencé à apprendre autant que possible, j’ai même obtenu un diplôme de whisky en Écosse (Scotch Whisky Academy d’Edimbourg).
Ce qui a commencé comme un passe-temps s’est rapidement transformé en véritable passion avec une attirance particulière pour le Rhum, et au fil des ans, j’ai réalisé qu’il y avait de nombreuses opportunités commerciales et avenues à découvrir. L’EMBA m’a donné les outils et la confiance nécessaires pour sauter le pas et démarrer ma propre entreprise. En 2021 Swell de Spirits est né.
AB: Comment fais-tu tes sélections ?
MB : Les choix sont définis suivant mon palais, c’est égoïste je sais mais je ne fais pas mes sélections pour plaire à certains palais et / ou certains marchés. Pour le moment ça marche et en étant sur plusieurs spiritueux ce n’est pas évident mais on y arrive et on continue avec une même ligne de conduite, qui est de prendre son temps quitte à prendre quelques années à choisir les fûts, affiner et embouteiller.
Chaque détail a son importance, l’origine du tonneau, la qualité, les matières premières, l’histoire de la distillerie, de son terroir et de ses producteurs. Il ne faut pas oublier de rendre hommage aux personnes derrières qui travaillent d’arrache pieds pour nous procurer tant de plaisir.
AB : D’autres cuvées en préparation ?
MB : Cette année 2022 verra les sorties de belles cuvées de Rhums et de Single Malt Scotch Whisky sur deux nouvelles séries et des collaborations en vue. Ainsi qu’un projet « surprise » (quand deux amateurs de Spiritueux se rencontrent…) dont nous travaillons depuis quelques mois et verra le jour cette année dont nous sommes pressés de vous en parler une fois tout est finalisé. Du Rhum Agricole est prévu ainsi que des Rhums plus âgés que ceux sortis jusqu’à aujourd’hui.
Un peu de « teasing »sur une de notre prochaine sortie un Rum Jamaïcain avec 24 années passées sous les tropiques, celui-ci a été une découverte spéciale pour moi. j’ai été bouleversé par les saveurs immédiates, caramel et fruits mûrs dans un équilibre parfait, très impressionné pour être honnête surtout avec autant d’années passées en climat tropical.
AB : Vas-tu réaliser tes propres assemblages?
MB : J’ai commencé à assembler, c’est le but sur le Rhum et le Scotch Whisky de donner naissance à des assemblages « made in house ». Il faut du temps car ça ne se fait pas du jour au lendemain et toujours dans un esprit qualitatif, les étapes de l’assemblage sont cruciales et doivent être bien maîtrisées. Donc oui c’est en cours et « work in progress » 😊
AB : Quel regard portes-tu sur l’embouteillage indépendant et que penses-tu de la multiplication des acteurs ?
MB : Je suis tout nouveau dans ce milieu et il me reste tellement à apprendre, donc vraiment pas grand à chose à dire sauf que je pense il y a de la place pour tout le monde et au contraire l’entraide entre embouteilleurs est importante, partager des fûts, dénicher, échanger, collaborer pour un objectif commun de sortir de belles cuvées afin de satisfaire les amateurs. D’ailleurs de belles collaborations sont en cours. Au contraire la qualité augmente avec plus d’acteurs sur le marché, de bonne augure du coup.
AB : Quels sont tes rhums préférés ? Les bars à rhum qui t’ont scotché ?
MB : C’est très dur de donner les meilleurs Rhums car tout dépend de l’occasion, du moment dans la journée, de l’état d’esprit aussi donc je dirai que c’est compliqué de répondre sans taper en touche. Il y a un choix fantastique sur l’Agricole en Martinique, Guadeloupe et Guyane, ainsi que d’autres pays et les rhums de Mélasse.
J’ai découvert depuis peu le Bar 1802 de l’hôtel Monte Cristo à Paris dont j’ai été vraiment surpris par la sélection, le choix qu’ils proposent, leur approche est tellement différente sur la présentation de leur carte. le travail de recherche et les personnes derrière le bar qui selon moi rendent ce lieu unique et incontournable.