Implanté en Seine-et-Marne et travaillant principalement avec des produits Bio, nous avons rencontré Hedi Morine, virtuose des rhum arrangés. Il nous dévoile sa gamme : « Rhumance ».
Adrien Bonetto : Pouvez-vous vous présenter et nous dire depuis combien de temps êtes-vous dans cette aventure ?
Hedi Morine : Bonjour, je suis Hedi Morine, producteur de rhum arrangé en Seine-et-Marne et le créateur de la marque Rhumance. Cela fait 3 ans que je suis dans cette formidable aventure. Auparavant, j’ai eu une expérience de 5 ans dans le parfum. Ce n’est peut être pas un hasard si Rhumance rime avec fragrance (rires).
AB : Combien de références proposez-vous et ou peut-on les trouver ? Et à quel prix ?
HM : Actuellement nous proposons 8 macérations dont certaines ne sont pas disponibles toute l’année, saisonnalité oblige. Vous pouvez les retrouver chez nos cavistes et épiceries fines partenaires, sur www.rhumance.fr et bien-sûr, dans notre atelier en Seine-et-Marne. Prix de ventes conseillé 38-39 € TTC
AB : Sans dévoiler vos secrets de fabrication, pouvez-vous nous expliquer comment vous élaborez vos rhums arrangés ? Vos recettes ?
HM : Nos rhums arrangés sont exclusivement fabriqués à base de rhum blanc agricole AOC de Martinique, d’une distillerie artisanale, située au pied de la montagne Pelé. C’est un rhum très aromatique avec des notes de canne fraîche. La macération de fruits est pour moi une manière de sublimer le rhum.
La création d’une macération peut-être longue : il faut savoir que certains de nos rhums arrangés ont été pensés et travaillés deux ans avant leur sortie, car nous cherchons à voir comment elle évolue dans le temps et la saisonnalité de certains fruits est très courte.
Concernant les idées d’assemblages, je peux trouver des idées dans la gastronomie. Par exemple pour le « Rhumantique » framboises bio – pétales de roses, je me suis inspiré d’une pâtisserie d’un grand chef. Lors de voyages, j’aime aussi découvrir de nouvelles choses, de nouvelles saveurs : au Pérou, j’ai pu y découvrir une fève de cacao exceptionnelle, la fève Criollo bio, présente dans le « Kiwikou ».
Nous nous appuyons sur 3 critères pour créer nos nectars : l’Excellence des matières premières, l’Equilibre des arômes et l’Elégance de nos flacons.
AB : Utiliser des produits Bio est-il important pour vous ?
HM : Bien que la qualité gustative du fruit prime avant tout, le bio est effectivement important pour nous. Nous utilisons aujourd’hui 60% de fruits et d’épices bio.
Au-delà du bio, utiliser des fruits locaux et passer par le circuit-court est aussi important.
A ce sujet, une nouvelle macération verra le jour 2021, avec des fruits cueillis à moins de 15km de notre atelier.
AB : D’où viennent vos matières premières ?
HM : Outre le rhum de Martinique, les épices et fruits viennent de différents endroits du monde. Bien que dans l’imaginaire des consommateurs, le rhum arrangé soit un produit des îles, nous mettons l’accent depuis un an sur la création de macérations avec des fruits provenant de France métropolitaine.
AB : Quelle est votre référence phare ?
HM : Il y a une dominante sur le « Passionémangue » (mangue Kent, fruit de la passion) un grand classique qui plait toujours, d’autant plus que la médaille d’argent au concours général agricole 2019 lui a donné de la visibilité. Le Papayothé (thé vert bio, papaye bio) est également très apprécié depuis sa sortie en mai 2020.
AB : Que vous évoque « rhum et développement durable » ?
HM : La filière du rhum a aussi un rôle à jouer en faveur du développement durable. Cela passe par exemple par la valorisation des déchets : notre distillerie partenaire utilise la bagasse, (résidu sec de la canne) pour alimenter la chaudière générant la vapeur nécessaire à la distillation et pour fertiliser les plantations.
De notre côté, nous réfléchissons à mettre en place un compost pour les déchets organiques. Nous utilisons aussi des matières premières durables et locales (bouteilles en verre fabriquées en Seine-Maritime, bouchons en liège et bois fabriqués dans la région de Cognac). Nous sommes aussi très vigilants quant au choix de nos fruits, de leur provenance… des scandales sanitaires ont pu agiter le monde agricole ces dernières années comme par exemple le chlordécone dans les bananeraies antillaises.
AB : Que pensez-vous du marché du rhum et plus particulièrement du segment des arrangés ?
HM : Le fait d’en voir de plus en plus en GMS et notamment de grandes marques sur ce segment ? Le marché du rhum a le vent en poupe depuis plus d’une décennie. Il y a un véritable engouement autour de cette eau-de-vie. D’autant plus qu’il y a une multitude de façon de consommer le rhum.
Les GMS s’intéressent au rhum arrangé depuis quelques années, j’ai d’ailleurs été approché par plusieurs d’entre-elles. Cela montre l’importance du marché du rhum arrangé aujourd’hui et l’intérêt des consommateurs pour cette boisson. Cependant notre stratégie est d’être exclusivement présent dans les magasins spécialisés (cavistes, épiceries-fines…), cela passe donc par l’originalité et la qualité.
AB : Quels sont vos futurs axes de développement ? de nouvelles recettes en préparation ?
HM : Premièrement, après nous être concentré sur le marché Francilien, nous souhaitons nous étendre sur le marché national. Deuxième axe de développement, nous souhaitons investir dans des machines pour gagner du temps, fer de lance de toute entreprise, tout en gardant le caractère artisanal de la marque Rhumance.
De nouvelles créations sont en préparation, dont celle avec des fruits de Seine-et-Marne en 2021. Pour le reste, je garde évidemment la surprise…