Rhum de Polynésie : le futur grand cru du Pacifique

Alors que la canne à sucre y était depuis longtemps cultivée, ce n’est qu’au 19e siècle que du rhum (de mélasse) a été produit en Polynésie française. Ses variétés autochtones se répandirent à travers le monde, devinrent même dominantes avant de tomber en désuétude. Depuis quelques années et plus particulièrement depuis 2015, le rhum polynésien connait cependant une véritable renaissance via le pur jus de canne. Il conquiert le cœur des amateurs et des amatrices, comme des jurys de concours nationaux et internationaux. Tant et si bien qu’il tente à présent d’obtenir sa propre indication géographique et à devenir un “rhum agricole”.

Rhum de Polynésie

Une canne à sucre rayonnante !

La Polynésie française couvre un immense territoire essentiellement marin de 5 millions de km². Les terres sont regroupées en cinq archipels (l’archipel de la Société avec les îles du Vent et les îles Sous-le-Vent, l’archipel des Tuamotu, l’archipel des Gambier, l’archipel des Australes et les îles Marquises), et 118 îles dont 76 sont habitées, sur lesquelles vivaient 275 918 habitants en 2017.

Et la canne dans tout ça ? On ne sait pas exactement depuis quand elle est cultivée en Polynésie, même si on date l’arrivée des premiers habitants à 300 de notre ère, probablement en provenance de la Nouvelle-Guinée. La canne à sucre étant elle aussi originaire de cette contrée, il y a fort à parier qu’elle est arrivée avec eux.

Rhum de Polynésie
Tô, la canne en polynésien

Elle est en tout cas cultivée avant l’époque coloniale, avant donc que les Anglais puis les Français au 19e siècle n’y imposent leur autorité par la force. Une des variétés de canne polynésiennes, dite O’Tahiti, a même essaimé via l’île Maurice, la Réunion, l’Afrique, les Antilles, Hawaii, les USA… et même dans la Caraïbe pour devenir la principale canne à sucre cultivée dans le monde de 1820 à 1850. Avant d’être remplacée par des variétés hybrides plus résistantes aux maladies et plus productives… et de tomber en désuétude jusque dans sa terre d’origine.

En Polynésie, le gouvernement encourage la culture de la canne à sucre dans les années 1850 et de grandes plantations sont notamment créées à Atimaono (commune de Paparā) et à Pīra’e sur Tahiti ou encore sur Mo’orea. Des sucreries sont construites, jusqu’à sept, et des distilleries voient le jour pour produire du rhum de mélasse.

Mais la Polynésie ne deviendra jamais réellement une terre sucrière car les différentes crises du sucre et des rébellions vont venir à bout de son développement.  La dernière usine fermant dès 1900, la culture professionnelle de la canne à sucre périclite… Jusqu’à ce que David Moux ne s’en mêle !

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