Luca Gargano, dirigeant de Velier (et premier Homo Saccharum !)

Pour les 10 ans de votre magazine favori 20 personnalités décryptent les 10 dernières années, et donnent des pistes de réflexion pour les 10 prochaines…

Luca Gargano

Comment le marché du rhum a-t-il évolué ces 10 dernières années ?

Un des phénomènes les plus marquants depuis 10 ans, c’est la spéculation. Aujourd’hui, on trouve des ventes de rhums aux enchères, des sites spécialisés dans la vente de bouteilles rares… et ces rhums sont vendus à des prix incroyables! Le rhum a pris une autre dimension.

Mais ce qui m’énerve, c’est la spéculation, quand on vend une bouteille à 50 euros et que dans la même journée, elle atteint 100 euros sur le second marché. Ces dix dernières années, j’ai aussi participé à mettre sur le devant de la scène des préoccupations comme la présence de sucre dans les rhums, ou le vieillissement tropical.

Pour moi c’est très important, il y a de la place pour tout le monde, McDonald’s comme les restaurants étoilés, ce qui est important c’est d’informer le public, d’expliquer comment le rhum a été produit et a été vieilli! Aujourd’hui, il y a beaucoup d’informations sur les étiquettes. Ça me procure beaucoup de satisfaction.

Comment va-t-il évoluer ces 10 prochaines années ?

Il y a encore beaucoup de choses à découvrir dans le monde du rhum. Par exemple, récemment je suis allé en Équateur et j’ai découvert qu’il y avait au moins 200 alambics dans le pays! Il y en a partout. Mais on pourrait aussi parler du rhum de Madère, du grogue… Dans le monde du whisky, nous avons découvert toutes les distilleries qui existent, ce n’est pas le cas pour le rhum, surtout en ce qui concerne les distilleries artisanales. Beaucoup d’agriculteurs sont aussi distillateurs.

Avez-vous une actualité dont vous souhaitez nous faire part ?

Oui, de Nomad qui sera le premier alambic nomade transcontinental. C’est un alambic pot still de 800 litres, qu’on va placer dans un conteneur avec tout ce dont il a besoin pour fonctionner. Et ce conteneur va faire le tour du monde pour distiller là où se trouvent la matière première et les fûts. Ce n’est pas nouveau, en Australie au 19e siècle, il y avait déjà des bateaux- distilleries sur les rivières ! Par exemple, si je vais chez Neisson, j’installe mon conteneur, et je distille l’équivalent d’un fût par jour. Et peut-être que ça intéressera Grégory ou d’autres d’avoir un alambic pot still à porter de main pour faire des essais ?

Que représente Rumporter pour vous ?

Je tiens à rappeler que j’ai été le premier invité dans la rubrique Homo Saccharum ! Pour moi c’est un honneur, car j’apprécie beaucoup votre magazine.

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