En 1902, l’éruption de la Montagne Pelée a non seulement rasé la ville de Saint-Pierre, faisant 30 000 morts, mais elle a aussi entraîné par la suite la résurrection de la distillerie Depaz, aujourd’hui l’une des plus solides et réputées de l’île.
Le 8 mai 1902, peu avant huit heures du matin, se produit l’explosion du cratère avec la formation d’une nuée ardente toxique, détruisant la ville de Saint-Pierre en moins d’une minute trente. Pourtant, les signes avant-coureurs n’avaient pas manqué, avec des séismes, des nuages de cendres et des coulées de boue dès la fin avril.
Même des cohortes de fourmis, de mille-pattes et de serpents venimeux avaient envahi les rues de la ville. Mais Louis Mouttet, gouverneur de la Martinique, avait refusé d’ordonner l’évacuation de Saint-Pierre, car le deuxième tour des élections législatives devait se dérouler le dimanche 11 mai !
Parmi tous les morts se trouvaient les 63 membres de la famille de Raoul Depaz, contremaître au domaine de La Montagne où il dirige la production de rhum. Seul a survécu Victor Depaz qui, alors âgé de 16 ans, faisait ses études à Bordeaux, et se retrouve orphelin et ruiné.
Deux ans plus tard, ses études achevées, il décide de quitter la Métropole. Mais, comme le raconte Luca Gargano dans son livre L’ Atlas du Rhum, il s’embarque pour le Canada, «mais le sort veut que son navire soit détourné vers la Martinique. De retour sur les lieux de la tragédie, il prend la décision de s’y installer.