L’édito d’Alexandre Vingtier : L’avènement de la “canne à rhum”

Nul doute, le rhum agricole qui a traversé une longue crise, en est ressorti plus fort que jamais, avec une gamme de prix très complète, des rhums blancs de plus en plus spécifiques et donc valorisables et des stocks de rhums vieux en croissance constante et en diversification permanente avec l’acquisition de nouveaux savoir-faire et des moyens conséquents dans les achats de barriques de très grande qualité, qui n’a plus rien à envier aux grandes distilleries écossaises voir charentaises.

L'édito d'Alexandre Vingtier

Un succès incontestable non seulement local mais aussi en métropole, le premier marché de rhum haut de gamme au monde en volume comme en valeur, et désormais au-delà de nos frontières. Et voilà que les petites habitations se multiplient en Martinique et désormais en Guadeloupe, afin de valoriser d’une autre façon encore, avec de plus petits appareils distillatoires et donc des profils originaux, ce patrimoine végétal exceptionnel, emblématique qu’est la canne à sucre… ou plutôt devrait-on dire la « canne à rhum » car les distilleries y grignotent de plus en plus la canne autrefois destinée aux dernières sucreries.

Les autres terres du rhum s’en inspirent de plus en plus, évidemment Madère dont les volumes de rhum agricole reprennent une belle vigueur tant en colonne qu’en alambic, et s’exportent désormais en France et au Royaume-Uni, mais aussi de grandes terres du rhum de mélasse, Sainte-Lucie, Grenade, la République Dominicaine avec Barceló en focus dans ce numéro de décembre 2020 ou encore Porto Rico, le fief de Bacardí tout de même, sans oublier Cuba qui commence à mettre en avant ses aguardientes de jus de canne dans les assemblages de quelques marques, un secret bien gardé.

Sur le continent américain, les craft distillers étatsuniens se sont convertis en masse au rhum et dans le sud on trouve de plus en plus de belles distilleries transformant la canne, soit en jus frais soit en sirop, tandis que d’autres, plus au nord, font venir des cannes fraîches ou congelées voir du vesou, pour expérimenter… un phénomène qui se retrouve également en Europe, du Danemark à l’Ile-de-France !

Ailleurs, on plante ou replante de la canne pour ses qualités aromatiques et historiques comme en Polynésie française, à Hawaï, en Nouvelle-Calédonie, au Japon, à Taïwan, au Vietnam, au Cambodge, en Thaïlande ou encore en Australie et en Afrique du Sud, j’en passe et des meilleurs, sans oublier bien sûr l’internationaliser de la consommation des cousins du rhum, clairin haïtien, cachaça brésilienne, cañazo péruvien et grogue capverdien.

La canne ne passe plus nécessairement par la case sucrerie, ce n’est plus sa raison d’être dans de nombreuses exploitations et sur de plus en plus de territoire, nous vivons donc bien le tournant de la canne à rhum !

Joyeux Noël !


RUMPORTER

Édition décembre 2020

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