Alexandre Gabriel : la réouverture de l’ancestrale Long Pond Distillery, un grand moment d’émotion

La Jamaïque… Île perdue en pleine Mer des Caraïbes, au sud de Cuba et au large d’Haïti. Colonisée en 1494 par les Espagnols, l’île devient officiellement anglaise en 1670 puis gagne enfin son indépendance par le biais du Commonwealth en 1962. Son Cockpit Country à la géologie particulière, ses chaînes de montagnes Blue Mountains qui dominent presque les Antilles, ses rivières débouchant sur des cascades naturelles et ses collines verdoyantes qui côtoient les eaux turquoises, les plages de sable blanc et les criques sauvages… Dit comme ça, la Jamaïque a tout d’un paradis. Mais quand en plus vous y ajoutez le fait que cette île est le berceau de la culture Rastafari, de la musique reggae et que des distilleries mythiques datant du XVIIIème siècle sont toujours en fonctionnement, là c’est sûr, la Jamaïque est magique ! L’île est divisée administrativement en quatorze paroisses, et là où je vous emmène aujourd’hui, c’est à Clark’s Town dans la paroisse de Trelawny, connue pour son très fort passé d’industrie sucrière, en compagnie d’Alexandre Gabriel, président de la de Maison Ferrand et ses rhums Plantation.

Alexandre Gabriel Long Pond

Damien Sagnier : Bonjour Alexandre. Est-ce que le rachat de la WIRD en début d’année qui vous a donné envie de racheter la distillerie Long Pond ou bien est-ce simplement une autre étape d’un même projet ?

Alexandre Gabriel : Mon équipe et moi sommes des amoureux du rhum et de ses cultures que nous étudions et travaillons depuis plus de 20 ans. La diversité des techniques et des terroirs du rhum en font un spiritueux absolument à part. La gamme Plantation se veut l’expression de la richesse des terroirs du rhum et de ses cultures. Sachant cela, on comprend certainement mieux que la reprise d’une ancienne distillerie des Caraïbes est pour nous la réalisation d’un vieux rêve.

“Cela fait des années que je rêve discrètement de tout cela”

Il y a près de 10 ans que nous lorgnions sur plusieurs distilleries dont West Indies Rum à la Barbade que nous connaissons très bien. C’est une distillerie du XIXème siècle conduite par des techniciens geeks, une équipe de passionnés qui rêvait de pouvoir se lâcher et faire de grands rhums. Cependant, la WIRD est une distillerie sans service de vente depuis plus de 80 ans dont l’actionnaire souhaitait faire des rhums à sa façon selon les besoins sans rien dire de plus et cela depuis de nombreuses années.

Un peu comme de grands musiciens qui se trouveraient à jouer pour des mariages… Certains d’entre eux sont allés se former dans d’autres îles, en Écosse ou à Cognac ou nous les avons reçus. C’est cette équipe pleine d’envie que nous voyions comme un « perfect match » avec notre équipe de Plantation. En fait, pour nous, c’était une belle endormie avec quelques trésors dans les cartons dont 2 colonnes, une John Dore (John Dore a acheté le brevet de Aeneas Coffey en 1872) et une Blairs.

Il y aussi 5 alambics dont un vieux Vulcain à chambres (retort vertical fabriqué à la fin du XIXème) comme il n’en existe plus. Un de ces petits alambics à restaurer est, selon David Pym (patron actuel du chaudronnier John Dore), le plus ancien des alambics de rhum qu’il connaisse (XVIIIème siècle). Cela fait des années que je rêve discrètement de tout cela et que je discute avec la société Goddard qui était le propriétaire précédant depuis plus de 50 ans.

Une pièce forte contient plus d’un siècle d’archives dont le livre des délibérations de la distillerie depuis 1901, ce qui, en soit, est pour moi un cadeau du ciel. Il y a même un petit atelier de tonnellerie qui réparait tous les fûts pour la Barbade et que nous allons remettre en fonction. 

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