Breiz’Île : rencontre avec le pionnier des rhums arrangés

Breiz’île, c’est l’histoire de trois amis qui sont dans le game depuis plus de 15 ans ! Cette entreprise bretonne fabrique artisanalement des punchs macérés à base de rhum blanc agricole des Antilles et de fruits frais. Rencontre avec Alain Jegaden, pionnier des rhums arrangés en France. 

Breiz'Île

Adrien Bonetto : Vous êtes un acteur historique sur le segment des rhums arrangés, pouvez-vous présenter et nous raconter votre histoire ?

Alain Jegaden : J’ai découvert le rhum arrangé en 1981 avec mon cousin à l’âge de 14 ans à la rhumerie de St germain à Paris. Il y a toujours eu du rhum arrangé mais avant il y avait cette « culture du feu » c’est à dire plus d’alcool que de goût : ça arrachait !

Avec mes amis, mes frères, Ronan et Olivier, nous avons ouvert en 1997 un restaurant sur le port de pêche de Saint-François, en Guadeloupe, dédié aux poissons, aux épices et au rhum. Trois ans plus tard, nous avons ouvert un second restaurant, cette fois à Camaret-sur-Mer, en désirant tisser un lien entre la Bretagne et les Antilles. Nous servions nos préparations de rhum arrangé à la fin des repas. Les clients appréciaient et demandaient à nous en acheter. C’est ce qui nous a donné l’idée de créer la marque Breiz’île ».

Breiz'Île

On a commencé à trois mais je suis maintenant majoritaire, les autres sont dans la restauration. À la base je suis cuisinier, et pour moi il faut comparer le rhum arrangé à la musique, le voyage, la peinture, il faut travailler les saveurs, aller les chercher et surtout trouver l’équilibre. On s’exprime à travers nos rhums.

On a toujours tout fait tout seul, maintenant ça fait 17 ans qu’on s’organise avec un produit sorti de nul part à la base, pas de commerciaux, pas de salons, d’ailleurs le Rhum Fest Paris sera mon premier !

AB : Un vrai passionné… 

AJ : Je ne suis pas passionné de rhum mais j’ai la passion de faire des choses cohérentes. Si tu te lèves pour faire de l’argent, ce n’est pas possible, il faut que ça t’apporte quelque chose.

L’avantage à l’époque c’est que nous n’avions pas de tabous, pas de limites, par exemple, un bordelais qui est dans le vin de père en fils, il y a une tradition et il ne sort pas des rails, nous n’avions pas de limites, nous étions libres.

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Nous avons commencé avec une production de 450 bouteilles par an, nous sommes à 200 000 maintenant mais nous faisons comme au premier jour, tout à la main : 42 bouteilles sur la table, sauf que maintenant c’est 20 fois par jour.

AB : Pouvez-vous raconter à nos lecteurs comment vous avez créé la nomenclature du rhum arrangé avec la répression des fraudes et les douanes ? 

AJ : Les douanes et la répression des fraudes sont les professions les plus fliquées ! Entre 2002 et 2010, on ne pouvait pas vendre de rhums arrangés car il n’y avait pas de « case » pour ce produit. C’était indiqué « boisson spiritueuse », en 2002, les services des douanes étaient d’accord pour la vente, la répression des fraudes aussi mais uniquement en restauration ! Pas de vente de bouteilles directement aux consommateurs. Nous avons du créer la nomenclature du rhum arrangé, pendant 8 ans ! Et nous sommes arrivés à « Punch au rhum » même si beaucoup appellent ça « rhum arrangé ».

AB : Combien de références proposez-vous ? Pouvez-vous nous présenter votre gamme et nous dire où peut-on se les procurer et à quel prix ?

AJ : Nos avons une gamme qui est composée de 5 familles : Sélection, Collection, Tradition, Les Arrangés du Rhum et La bière.

Nous avons 9 références « Tradition » qui titrent toutes à 23%, c’est d’ailleurs nos meilleures ventes de punchs.

Breiz'ÎlePuis en 2015 nous avons lancé « Collection » pour les amateurs et connaisseurs, 5 références titrant jusqu’à 40 %.

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En 2016, c’est l’apparition de « Sélection »pour les amateurs les plus exigeants avec deux références titrant à 40% : un Rhum Vieux associé au Miel de Bourdaine et un Rhum Vieux  associé au Caramel-Vanille.

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Enfin entre 2016 et 2017 nous avons lancé « Les Arrangés du Rhum » à destination des cafés, hôtels, restaurants. L’idée était de proposer une alternative à la gamme Tradition vendue chez les cavistes et en épiceries fines. Cinq recettes originales en bouteille de 70cl et titrant à 28% . Vous pouvez également les retrouver chez vos cavistes.

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Les prix varient entre 27 et 34 euros.

AB :  Sans dévoiler les secrets de fabrication, pouvez-vous nous expliquer comment vous élaborez vos rhums arrangés ?

AJ : Avoir envie de le faire, la recette est sur l’etiquette mais il faut trouver l’équilibre des fruits/épices en provenance des fournisseurs. Le « secret » réside dans la découpe des fruits, le travail de conservation du produit et l’ordre de mise en bouteille. Pour perdurer, il faut que ce soit beau, bon et durable dans le temps. La même qualité chaque année. J’utilise un rhum agricole de Martinique ou de Guadeloupe. Notre sirop est fait maison, d’ailleurs et tous les employés sont issus de la restauration.

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AB : Que pensez-vous du marché du rhum ? Quelle est votre vision sur le développement de ce marché et plus particulièrement du segment des rhums arrangés ?

AJ :  J’ai eu 4 restaurants en tout, la concurrence en restauration c’est le pire, c’est énorme. Aujourd’hui le rhum arrangé s’est démocratisé, vulgarisé, c’est la mode mais ce n’est pas pour autant que ça s’arrêtera, il ne disparaitra jamais, c’est ancestral. Il y a actuellement un développement très fort et très interessant mais ça va se calmer (un peu comme les bières) ce qui est intéressant, c’est l’innovation, il y a en a toujours.

Mais il y en a qui confonde originalité et qualité, à trop vouloir inventé, ça va exploser. Pour moi il y a deux types de rhums arrangés ; les aromatisés sans fruits et ceux avec des fruits frais.

Nous nous avons voulu faire quelque chose de plus convivial et avec plus de goût, c’est pourquoi nos premieres références titraient à 23% . Les gens n’osaient pas boire de rhum, et au début nous avions des critiques car c’était trop faible.

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AB : On parle de plus en plus de « rhum et développement durable », qu’est-ce que cela vous évoque ?

AJ : Je suis dedans depuis petit, j’ai fais une école d’agriculture, mes bases sont naturelles, le potager de ma grand mère ; je suis écolo, c’est normal pour moi . On fait un développement raisonné, ce n’est pas la course à la bouteille. Déchets dans le composte, on utilise des cartons recyclés. Tout est renouvelable chez nous mis à part quelques bouchons en plastique.

AB : Le mot de la fin, quelles sont vos futurs axes de développement ? 

AJ : Je présenterai au Rhum Fest Paris trois nouvelles références bio.

 


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