[Rhum et Littérature] Sucre Noir, par Miguel Bonnefoy

Sucre Noir, par Miguel Bonnefoy

AMOUR ET FORTUNE, SUCRE ET OR NOIR

Dans un village des Caraïbes, la légende d’un trésor disparu vient bouleverser l’existence de la famille Otero. À la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l’ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l’héritière de la plantation de cannes à sucre…

Avec Sucre Noir, l’écrivain francovénézuélien Miguel Bonnefoy nous entraîne dans une histoire de frégate et de capitaine au long cours – un certain Henry Morgan disparu en mer, un énorme butin à son bord… Mais c’est bien le rhum qui lui a inspiré cette histoire, suite à une rencontre inédite avec celui qui n’est autre que… l’éditeur de Rumporter !

« Son héritage, son plein de batailles, de luttes, de navires, d’explorations… » Miguel Bonnefoy lui a trouvé une dimension poétique qu’il ne soupçonnait pas. Il n’y avait plus qu’à s’appuyer sur une vieille légende et la distiller de bons ingrédients, comme ceux de femmes fortes et d’hommes rêveurs sur fond de jungle caribéenne proche du Venezuela. « Un livre qui doit se boire avant de se lire… »

SANTA TERESA 1796

LE RHUM QUI VA AVEC : SANTA TERESA 1796

Sans surprise, en bon Vénézuélien, le rhum préféré de Miguel Bonnefoy n’est autre que Santa Teresa 1796 – même s’il avoue avoir un petit penchant pour leur liqueur à base de rhum vieilli avec une macération d’écorces d’orange de Valence titrant à 40°, mais qu’on ne trouve qu’au Venezuela.

L’Hacienda Santa Teresa a résisté aux guerres, aux révolutions, aux invasions et même aux dictateurs… tout comme Serena Otero, l’héroïne de Miguel Bonnefoy. Le plus ancien et premier producteur de rhum du Venezuela ne produit que des « single estates », intégrant la méthode solera dans son processus de triple vieillissement (fûts de chêne blanc américain ex-bourbon, fûts de hogshead et fûts de chêne français du Limousin), sous la supervision de Nancy Duarte, première maestra ronera de la maison.

Chaque bouteille contient du jus provenant du tout premier tonneau de 1796 (approvisionné d’un rhum plus jeune à chaque tirage de bouteille) lors de la 2e étape du triple vieillissement. Le Santa Teresa 1796 D.O.C. « Ron de Venezuela », mêle des arômes riches de noix, vanille, cannelle, chocolat noir, pruneaux à des notes de miel et de poivre, cuir et tabac.

70 cl – 40 % – 62,90 €.

EXTRAIT

« Severo taillait sans lever le nez, le dos arrondi par l’effort, et pouvait se vanter de reconnaître une canne à couper rien qu’ à son odeur. À grands coups de machette, il fendait, sectionnait, entassait, et quand il repartait vers le moulin, il laissait le champ comme après une tempête. C’ était encore l’ époque des cultures sur brûlis. On brûlait les champs pour chasser le serpent et se débarrasser des feuilles, ce qui donnait aux premières cuvées un goût de canne brûlée qui les rendait uniques dans la région. […]

– La canne à sucre, c’est comme l’espoir, disait le père Otero. Il faut la brûler pour qu’elle repousse avec plus de force. Tout le village se pressait pour assister au spectacle des incendies. En levant le regard vers le ciel, on voyait les fumées rousses des autres fermes, s’ élevant en tourbillons, qui montaient pour annoncer une récolte qui s’achève et une autre qui commence. […] Severo Bracamonte comprit qu’ il aimait la terre plus que l’or. […]

Il surveilla la fabrication de la mélasse avec le même zèle qu’ il avait mis dans sa chasse au trésor, si bien que l’on ne trouvait pas un brin de paille dans le jus extrait de la canne. Il voulut faire du rhum. Il construisit un alambic avec une cocotteminute, des seaux en plastique, un serpentin en cuivre. Il s’amusait à assembler lentement les pièces de l’appareil, étudiant les systèmes de condensation et de reflux.

Il prenait un plaisir enfantin à observer les vapeurs d’alcool s’ élever jusqu’au bec de l’alambic, puis passer dans le serpentin plongé dans un tonneau d’eau froide, récupérant de cette façon une eau-devie imbuvable, assez médiocre, au goût râpeux, qu’ il présentait comme une boisson orientale. »

Sucre Noir, par Miguel Bonnefoy, édition de poche Payot Rivages. 7,50 €.

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