En 1807, alors que la France possède l’Ile de France (Ile Maurice) et l’Ile Bourbon (La Réunion), Napoléon prend des mesures afin d’interdire la production de rhum et d’arack à Bourbon. Il souhaite diviser les cultures entre les Iles ; Bourbon produit des vivres, du café et des épices, Maurice produit le sucre et le rhum.
Mais en cette période de guerre, Bourbon passe sous le contrôle des anglais qui relancent la production en 1812. Le débit de tafia est alors géré par la Ferme générale, autorité chargée de la collecte des impôts. En 1815, la France perd l’Île de France au profit des Anglais mais récupère Bourbon. La période est propice au redémarrage de l’industrie sucrière et guildivière. Le nouveau pouvoir royal encourage la culture de la canne à sucre qui passe de 4 735ha en 1823, à 22 073ha en 1843. En 1818, le pouvoir, souhaitant contrôler toute la chaîne de l’industrie rhumière renaissante, confie à la Ferme des Guildives le privilège exclusif de fabriquer et de débiter du rhum. En 1820, l’Île possède 20 moulins à vapeur, 90 moulins à bêtes et 22 moulins à bras, soit 132 au total. Ces moulins sont principalement affectés à la fabrication du sucre. En 1823, un premier bilan du redémarrage de l’industrie rhumière est établi : les exportations sont trop faibles à cause de la mauvaise qualité du rhum, la fraude en tout genre est très élevée et le rhum créé beaucoup de désordres dans la colonie.
Le pouvoir doit remédier à ces problèmes, et prend trois mesures : réduction globale de la production de rhum, mise en place d’un contrôle des prix, et interdiction de produire de l’arack au profit du rhum. L’arack, issu de la distillation directe du jus de canne fermenté était jugé nocif alors que le rhum issu des mélasses et des sirops était considéré comme plus sain.
Dans les années 1830, le régime de la Ferme est à bout de souffle. La lutte contre la fraude est inefficace et la distillation n’est pas vraiment contrôlée. Le pouvoir cherche un nouveau modèle de production.
En attendant, arrive dans l’Ile un système révolutionnaire pour produire du sucre : l’appareil Derosne et Cail. Il permet d’augmenter la production de sucre de 30% voire 40%. Il est installé sur la propriété de M. Vincent qui se trouve alors contraint d’acheter des cannes aux autres planteurs afin d’alimenter son nouveau moulin à vapeur.
Entre 1834 et 1839, la production moyenne de l’ile Bourbon est de 5 660hl de rhum par an et la surface de cannes cultivées est passée de 12 548 ha à 22 405 ha.
A suivre.
Remerciements :
M. Xavier Le Terrier, Docteur en Histoire Contemporaine (La Réunion)
Le Musée la « Saga du Rhum » (La Réunion)
Le groupe Isautier