Direction le 5ème arrondissement de Paris, entre le Panthéon et la rue Mouffetard : La Cave Gargantua. Rencontre avec Anaël Masson qui a ouvert sa propre cave il y a à peine deux ans.
Pouvez-vous vous présenter, votre parcours et depuis quand êtes vous caviste?
Anaël Masson : Je m’appelle Anaël. Après deux BTS en hôtellerie et dans le commerce des vins et spiritueux, j’ai œuvré en tant que sommelier dans des restaurants étoilés français et suisses. J’ai également eu la chance de passer par La Grande Epicerie de Paris ainsi qu’au Whisky Shop Paris. Cela fait maintenant 15 ans que je travaille dans ce monde captivant et je ne changerais pour rien au monde. En 2019, j’ai décidé d’ouvrir ma propre cave afin de pouvoir sélectionner les produits qui me font vibrer et transmettre ma passion aux clients.
AB : Pouvez-vous nous présenter votre Cave Gargantua ?
AM : Gargantua est née de ma passion et de celle de 6 amateurs qui ont décidé de me suivre dans cette aventure ! Ils sont des amis d’enfance, d’anciens clients, d’anciens collègues aussi. Je propose en boutique environ 360 vins de toutes les régions françaises, majoritairement bio et biodynamiques, une soixantaine de whiskies, une trentaine de champagnes de petits producteurs et surtout, plus d’une centaine de rhums ! Aucun produit ne rentre dans la sélection sans être dégusté.
AB : Combien de références avez-vous en cave (rhum) ?
AM : Je propose une sélection de 112 rhums à l’heure actuelle.
AB : Quelles sont les références les plus vendues ?
AM : Les Arbres du Voyageur de Chantal Comte sont parmi mes ventes très récurrentes. Le Rum Fire chez Hampden. Les éditions limitées chez Foursquare font également partie des meilleures ventes quand elles sont disponibles.
AB : Vous nous disiez que vous ne vendiez pas de marques dont les rhums contiennent trop de sucre, pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
AM : C’est une question de goût et d’éthique. Ces produits trouvent leur public ailleurs. Ils ciblent une clientèle qui découvre à peine le rhum. Ils sont souvent la première étape vers une recherche de produits plus pointus. Ma clientèle est principalement constituée d’amateurs éclairés, de collectionneurs passionnés. Ils ne comprendraient pas la présence de ce type de boissons chez moi.
Par ailleurs on peut facilement trouver de vraies alternatives, douces également mais nettement moins sucrées et sans additifs. Bouder ces produits sans proposer une alternative responsable est un non sens selon moi.
AB : Vous privilégiez les embouteilleurs indépendants ?
AM : Je trouve que les embouteilleurs indépendants sont nombreux à faire de superbes sélections. Leurs sorties sont très attendues et toujours un événement. J’y suis donc sensible dans ma sélection. Ils parlent de leurs rhums avec plus de passion que les distilleries, qui s’adressent à plus de monde et ont donc un discours plus policé. Ce n’est pas une critique et c’est normal. Cela me correspond peut-être un peu moins même si j’ai plaisir à travailler avec l’ensemble des acteurs de la profession.
AB : Quelle est votre vision du marché du rhum ? Son évolution ? Notamment sur les embouteillages indépendants.
AM : Le moins que l’on puisse dire est que le marché du rhum est dynamique ! Je suis heureux de voir que la majeure partie des distilleries et acteurs veulent répondre à la demande des passionnés les plus pointus. Ainsi nous voyons des embouteillages brut de fût et single cask qui viennent directement des distilleries. Le Rhum donne cette possibilité plus que n’importe quel autre spiritueux.
Il y a effectivement de plus en plus d’embouteilleurs indépendants et on peut s’en réjouir. La multiplication des acteurs permettra d’éviter certains quasi-monopoles. On regrettera cependant la flambée de certains prix et le manque de corrélation entre des produits parfois moyens à des prix démesurés. Il ne faut pas prendre les amateurs pour des vaches à lait !
AB : Des animations/Masterclasses prévues prochainement ?
AM : Gargantua est bien plus qu’une simple boutique de vins et spiritueux. Ma vocation est de faire découvrir les produits que je sélectionne et, c’est le plus important, les producteurs qui les ont conçus. Des masterclass étaient organisées régulièrement avant la crise sanitaire et nous allons continuer d’en organiser.
Et vous, quels sont vos rhums préférés ?
AM : C’est toujours difficile de répondre à cette question ! Dernièrement j’ai re-goûté la cuvée Marrons de la Liberté Full Proof des cavistes provençaux Le Gus’t et l’ai vraiment trouvé impressionnante de longueur, c’est un rhum à la fois explosif et d’une finesse à couper le souffle. En agricole les rhums de Chantal Comte sont toujours des valeurs sûres. Enfin le Ron Aldea des Frères de la Côte m’a beaucoup plu pour son côté encens, épices douces. Il fait preuve d’une belle allonge.
Gargantua
45, rue Lacépède
75005, Paris
www.cave-gargantua-paris.fr