En 1917, un bête oubli de l’Etat place la Guyane au coeur du marché du Rhum. Pas moins de 18 distilleries s’y créent et un homme émerge dans cette aventure : Jean Galmot. Dandy, écrivain, ce personnage haut en couleur est devenu sur le tard aventurier, homme d’affaires et homme politique. D’une honnêteté scrupuleuse, il se retrouve néanmoins entraîné dans ce qui deviendra « L’Affaire des Rhums » que nous raconte ici Matthieu Lange. La vie fascinante de Jean Galmot, qui finira assassiné et qu’on appelle encore aujourd’hui en Guyane « Papa Galmot », a fait l’objet d’un livre de Blaise Cendrars intitulé tout simplement : Rhum.
Durant la Première guerre mondiale, l’Etat cherche à avoir un approvisionnement en alcool suffisant mais pas excessif. A partir de 1916, les importations augmentent massivement ce qui conduit au durcissement des réglementations. L’Etat interdit l’importation d’alcool étranger sauf pour son propre compte. Mais le marché des mélasses reste libre. Les Antilles en profitent pour importer de la mélasse étrangère et augmenter la production de rhum. Le 29 décembre 1917, l’Etat rectifie la situation et interdit toute importation de mélasse dans les colonies… sauf en Guyane… un oubli. Au début 1918, de nombreuses distilleries s’y construisent.
De la côte d’Azur à l’enfer de la jungle guyanaise
En Guyane un certain Jean Galmot domine le monde des affaires. Né en 1879 en Dordogne, il commence sa carrière en tant qu’écrivain puis devient journaliste sur la côte d’Azur. En 1905 il se marie à une femme de lettres qui lui apporte une belle dot qu’il va dilapider, s’attirant ainsi l’hostilité de son beau-père. Ce dernier lui propose d’aller en Guyane gérer une mine d’or dans laquelle il avait investi, afin de l’éloigner de sa fille. Galmot se révèle très bon gestionnaire et découvre les nombreuses richesses locales inexploitées.