Nous avons choisi pour vous quelques-uns des meilleurs clichés de la photogénique Cuba par trois photographes exposés lors du Paris Photo 2017 dans le cadre du Elliott Erwitt Havana Club 7 Fellowship : le grand maître américain du 8e art lui-même, recruté par le célèbre Robert Capa pour le rejoindre à l’agence Magnum, ainsi que les deux premiers récipiendaires de cette bouse, le Turc Ali Taptik et le Péruvien Musuk Nolte. Rencontre avec François Rénié, directeur de la communication de Havana Club International.
Anne Gisselbrecht : Quelles sont les valeurs et les objectifs du Elliot Erwitt Fellowship ?
François Rénié : Notre objectif est de faire découvrir et aimer Cuba sous des regards à chaque fois différents, au-delà des clichés touristiques. Nous invitons chaque année un photographe à faire un reportage à Cuba. Celui-ci est présélectionné par un groupe de personnalités reconnues du monde de la photo puis choisi sur la base d’un projet par le jury de la Fondation, présidé par Elliott Erwitt. Nous n’intervenons pas dans le processus de sélection et nous faisons appel à un curateur. Conditions nécessaires pour être respecté dans le monde de la photo.
La Fondation finance le reportage, rémunère le photographe et s’engage à montrer le résultat lors de deux événements photographiques. Par exemple nous avons dévoilé le travail du dernier lauréat Musuk Nolte à Paris Photo 2017 et nous l’exposerons à PHotoEspaña 2018. Le photographe doit produire un reportage d’un minimum de 30 photos dont 7 sont choisies pour être tirées en 10 exemplaires chacune et mises en vente sur le site havana-fellowship.com. Les revenus des ventes sont également répartis entre le photographe et les frais de fonctionnement de la fondation. Une précision nécessaire, nous avons choisi Havana Club 7 ans comme rhum de nos actions dans le monde de la photo, qui s’adresse à un public plus mature et esthète. On le sert en Old Fashioned ou Canchanchara lors les vernissages avec gros succès.
AG : Raconte-nous la rencontre entre Elliott Erwitt et Havana Club ?
FR : Nous avons été contactés il y quatre ans par Elliott Erwitt qui souhaitait faire un reportage à Cuba 50 ans après son fameux reportage au cours duquel il avait photographié les leaders de la révolution cubaine, Fidel Castro et Che Guevara. Nous l’avons immédiatement assuré de notre soutien et, au gré des conversations, nous nous sommes mis d’accord sur un projet plus ambitieux – la Fondation Elliott Erwitt Havana Club 7 Fellowship – un programme permanent de documentation de Cuba. La Fondation a été lancée officiellement au festival de photographie Unseen 2015 d’Amsterdam lors de la présentation du reportage d’Elliott Erwitt.
AG : La qualité photographique est requise, les photographes contactés sont aguerris, exit les filtres et autres retouches, parce que, comme tu me l’as dit « n’importe qui peut faire de belles photos à Cuba », seule cette maîtrise technique peut apporter un vrai nouveau regard ?
FR : Cuba est extrêmement photogénique. N’importe quel photographe amateur peut faire de bonnes photos parce que le décor est là, inhabituel, à disposition, avec gens qui ont le temps et n’ont rien contre être sur une photo, au contraire. Les Cubains aiment bien se montrer. En revanche faire un reportage intéressant, cohérent, différent n’est pas à la portée de tous. Le jury sélectionne des photographes professionnels qui proposent un regard différent sur Cuba. Nous souhaitons aller au-delà des clichés et images habituelles. Les travaux d’Elliott Erwitt, Ali Taptik et Musuk Nolte en sont la démonstration. Leurs approches sont très différentes, ouvrant de nouvelles fenêtres sur Cuba. Elliott Erwitt présente une série à l’esthétique classique et élégante où l’on retrouve des scènes intemporelles de vie cubaine dans une période où Cuba change.
A travers ses images très descriptives presque premier degré, Ali Taptik exprime son intérêt pour l’architecture, la superposition des styles et des époques que l’on retrouve à Cuba, symbolique de l’appropriation de l’espace urbain par les différentes générations. Dans le cas de Musuk Nolte, le style est sombre et vaporeux, plus évocateur que proprement documentaire. Dans l’émotion exprimée par ses portraits et ses paysages, il tente de montrer l’invisible.
AG : Des regards de photographes étrangers sur Cuba, c’est une autre façon de découvrir Cuba par rapport aux activités de Havana Cultura ?
FR : Havana Cultura est un projet au long cours lancé il y a 11 ans et destiné à montrer la vitalité culturelle et artistique dans le Cuba d’aujourd’hui, vivant, différent, inspirant. La première mission a été de donner une visibilité digitale mondiale aux artistes locaux pour se faire connaître et présenter leur travail, alors que le pays était digitalement isolé. Aujourd’hui nous avons réalisé plus de 150 vidéos profiles de musiciens, danseurs, plasticiens, écrivains, comédiens, réalisateurs et même tatoueurs, tous consultables sur Havana-Cultura.com. Plus de 24h de programmes et une référence dans le métier du brand-content. Nous avons aussi bâti des projets musicaux à Cuba avec le DJ et producteur Gilles Peterson avec de jolis succès. Le Fellowship est un projet en parallèle. Comme Havana Cultura, il illustre notre plaisir et fierté à montrer Cuba mais cette fois c’est le travail et le regard d’artistes étrangers qui est mis en valeur.
Regardez un extrait du Portfolio :
L’intégralité du portfolio est dans le numéro Rumporter d’avril 2018.
Disponible à l’unité
➔ Plus d’infos sur havana-fellowship.com et havana-cultura.com