Bilan économique du rhum en 2020 : rencontre avec François-Xavier Dugas, président de Dugas

La société Dugas distribue une quarantaine de marques de rhum, surtout en direction des cavistes, restaurants et bars. François-Xavier Dugas nous éclaire sur les difficultés mais aussi la résilience de ce spiritueux.

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François-Xavier Dugas, président de Dugas : « Au déconfinement, les consommateurs de rhum se sont fait plaisir avec de belles bouteilles. »

Fabien Humbert : Comment avez-vous vécu les premiers mois de la crise du covid 19 ?

François-Xavier Dugas : Ça a été violent. Le 16 mars 2020 nous avons tous vécu une situation inédite. Plus aucun appel téléphonique, des commandes annulées… bref un arrêt total de l’activité. Sur les 15 derniers jours de mars nous avons dû faire -90% par rapport à 2019 à la même époque ! Avril a suivi la même tendance, bien que les cavistes et les sites internet aient commencé à relever la tête, tandis que l’activité grande surface (qui ne représente que 18% de notre activité), marchait bien. Toutefois, nous avons fait -70% en avril avec un arrêt total du ‘on trade’, c’est-à-dire hôtellerie, restauration, grossistes, et cash and carry (comme Metro, ndlr).

FH : Et au déconfinement ?

FXD : A la sortie du confinement à partir du 11 mai, ça a été violent, mais positivement. Nous avions tellement de demandes que nous avions du mal à les satisfaire toutes. Heureusement, nous avions fait du stock, tandis que la plupart de mes salariés étaient restés en activité. Nous organisions des formations pour les bartenders, des dégustations à distance, nous appelions nos clients pour prendre de leurs nouvelles… Donc nous étions prêts. Cette bonne période s’est prolongée jusqu’au mois de septembre.

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FH : Comment analysez-vous cette remontada ?

FXD : Les consommateurs ont reporté la consommation qu’ils avaient l’habitude d’avoir dans les bars et les restaurants à la maison. Mieux, ils se sont fait plaisir. Nous n’avons jamais vendu autant de belles bouteilles, nous avons vidé nos stocks sur les vieux millésimes. Cependant nous avons constaté qu’ils ont plutôt consommé ce qu’ils connaissaient bien, les valeurs sûres, plutôt que les nouveautés de notre catalogue. Mes confères et néanmoins concurrents ont constaté le même phénomène.


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FH : Et qu’en est-il du deuxième confinement ?

FXD : Comme pour le premier confinement, la partie hôtellerie-restauration s’est quasiment arrêtée du jour au lendemain. Cependant, je constate que les mesures mises en place par le gouvernement ont permis à beaucoup de nos clients de tenir le coup financièrement. Nous avons eu très peu de défauts de paiement.

FH : Et la fin d’année ?

FXD : A Noël, la belle bouteille en tant que cadeau est revenue à la mode. Les cavistes ont très bien travaillé d’après ce que je sais. On parle de croissance à deux chiffres. D notre côté, notre chiffre d’affaires progresse de plus de 5%. Donc on s’en sort bien. La globalité du portefeuille s’est bien vendue, il n’y a pas de marque qui cache la forêt.

 

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