Les mille et un visages du rhum au Canada

Le Canada est un énorme marché que les grandes marques internationales telles que Bacardí ou Captain Morgan ont déjà conquis. Quand on sait que le monopole québécois, la SAQ (Société des Alcools du Québec) est le premier acheteur de vins français au monde, on pourrait penser à un petit el Dorado pour les rhumiers.

Mais les petits producteurs, notamment français, ont plus de mal à s’y imposer, notamment à cause de restrictions concernant le carbamate d’éthyle naturellement présent dans les rhums agricoles et du système de monopoles qui régit la vente d’alcool dans les différentes provinces. Mais les choses évoluent dans le bon sens !

Le rhum au Canada

Le Canada entretient depuis toujours une relation tourmentée avec l’alcool en général, et les spiritueux en particulier. On pourrait presque parler d’amour-haine. A partir du XVIIIe siècle, c’est l’amour qui semble triompher.

En 1769 est fondée la première distillerie québécoise, elle produira du rhum en important de la mélasse puisque la canne à sucre ne pousse pas sous ces latitudes. Très vite, les colons se tournent vers les spiritueux de grains qui ne posent pas de problème d’approvisionnement en matières premières et le premier whisky canadien voit le jour en 1799.

Le succès des spiritueux ne fait que croître et on compte plus de 200 distilleries à la fin du XIXe siècle. Mais ce succès provoque des troubles, on boit trop et se développe un mouvement prônant la tempérance et, bientôt, la prohibition.

Dès 1878, le ‘Scott Act’ donne le droit aux municipalités qui le souhaitent de bannir l’alcool de leur territoire. En 1901, c’est toute une province, l’Île-du-Prince-Édouard qui bascule dans la prohibition.

De l’amour, on bascule dans la haine. De nombreux mouvements visant à fermer les débits de boisson et à empêcher la consommation d’alcool (pour des raisons sociales, religieuses, sanitaires et morales), voient le jour. Jusqu’à ce que la prohibition soit finalement imposée en 1918. Il était cependant possible de consommer de l’alcool en déclarant être malade, ce qui donnera lieu à de nombreuses fraudes !

Le rhum au Canada

Les troubles liés à la consommation non raisonnée d’alcool diminuent mais la contrebande explose, comme chez le voisin américain qui se dote en 1920 lui aussi de sa loi de prohibition (jusqu’en 1933).

Dès 1919, le Québec rejette la prohibition, suivi au fil des ans par les autres provinces canadiennes (jusqu’à ce que l’Île-du-Prince-Edouard, encore elle, ne l’abandonne à son tour en 1948). Le Canada, du fait de sa longue frontière avec les USA, va devenir le chemin préférentiel des contrebandiers souhaitant faire entrer en douce de l’alcool chez l‘Oncle Sam.

La mise en place des monopoles

Cependant, au début des années 1920 commence à se mettre en place un système qui perdurera jusqu’à nos jours. Chaque province se dote en effet d’un monopole (au Québec se sera la Commission des liqueurs en 1921) qui autorise la vente et la consommation d’alcool mais en contrôle strictement le circuit.

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