LA DOULEUR DE « SA » HAVANE
C’est l’histoire d’une femme, la Môme Cuca, abandonnée par l’homme de sa vie, qui, pour tout souvenir lui a laissé une fille et… un dollar. Mais, c’est surtout l’histoire de La Havane, dans toutes ses contradictions, sa violence et sa sensualité. C’est ici toute la résistance d’un peuple qui s’exprime à travers son héroïne dans l’écriture de Zoé Valdès. Une écriture inso- lente, crue, saccadée, sans concessions, empreinte d’une pro- fonde nostalgie, roulant au rythme provocant et fiévreux de la musique cubaine où la douleur se lit en filigrane, la douleur d’avoir cru en un monde meilleur. «Havane-moi, toi, ma ville pri- son. Havane-moi, toi, ma liberté, avec tes vertus et tes vices : décolorée et triste, mais jouisseuse, tonitruante, mortifiante.» Un roman dont on ne ressort pas indemne, juste bouleversant. La romancière cubaine sera contrainte à l’exil en 1995 pour insoumission au régime castriste, accompagnée de son conjoint et de sa fille, après la publication en France de son roman Le néant quotidien. Elle vit aujourd’hui à Paris.
LE RHUM QUI VA AVEC : HAVANA CLUB AÑEJO 7 AÑOS
Quel autre rhum que celui connu sous le nom de «El Ron Fundacional» de La Havane pouvait mieux se prêter à ce roman magistral? À Cuba, Havana Club est une institution. Il fait partie intégrante de «l’exception culturelle cubaine».
« Havana Club, c’est plus qu’un rhum, c’est Cuba en bouteille, l’ énergie, la passion, l’ histoire cubaine, à la confluence de plusieurs cultures : afri- caine, espagnole, asiatique, chinoise… c’est un symbole national, une marque iconique, aspirationnelle, la seule marque vraiment visible dans l’ île, une marque dans laquelle se retrouve le peuple cubain », affirmait en 2016 Jérôme Cottin-Bizonne, directeur général Havana Club International. Avec son processus de vieillissement continu en ex-fûts de bourbon, Havana Club Añejo 7 Años, leader des rhums bruns âgés – le premier à s’imposer dans les rhums bruns de qualité, à déguster pur ou en cocktail –, s’inscrit dans les annales.
Au nez, des notes riches et complexes de cacao, de vanille, de cèdre, de tabac chaud et de fruits tropicaux mûrs. Un palais intense, rond et velouté prolongé par une finale vanillée épi- cée et de douces notes de chêne.
70 cl – 40 % – 24,70 €.
EXTRAIT
« … On n’a qu’une jeunesse et il faut en profiter ! La mienne, elle s’en- volait déjà vite, trop vite, et comme une chienne je poursuivais toujours un amour impossible. Agrippée à mes illusions, je me décomposais de désespérance. Un jour, ma mère est revenue, en quête d’affection. Je lui ai présenté sa petite-fille, au premier coup d’œil, elles se sont admirées et adorées.
Mais elle a prétendu réordonner mon ordre, me chaotiser et cotiser mon chaos, se mêler de chaque recoin de ma vie. Elle n’appréciait pas du tout, mais alors, pas du tout que j’aie une flasque de rhum planqué dans mon armoire, et que j’en tâte sans arrêt. Depuis quelque temps, je buvais un petit coup à tout moment. Je commençais par le rhum. Intoxiquée, faute de rhum, je buvais même de la guafarina, c’est-à-dire de l’alcool à 90° sucré et citronné. Certains me surnommèrent Guafa, alors je déci- dai de me contrôler un peu, pas trop. »
La douleur du dollar, de Zoé Valdès (1997), traduit de l’espagnol (Cuba) par Liliane Hasson, poche Babel, éditions Actes Sud. 9,20 €.