Deux ans après une pandémie qui a mis le marché des spiritueux en suspens, Ian Matthews, à la tête de Proof Strength revient promouvoir son dernier bébé, le rhum (salvadorien) Ron Colon avec la volonté de « bousculer les codes établis ! » Rencontre.
Quel plaisir de voir débarquer Ron Colón dans l’hexagone ! Avec sa forme de bouteille inspirée du monde viticole pour attirer l’attention, une étiquette au design moderne rendant hommage au Salvador, des assemblages qui suscitent la curiosité (rhum/café, rhum/rye), et une volonté d’offrir une profondeur dans la dégustation pour des bartenders toujours en quête de nouvelles saveurs.
C’est dans le cadre feutré du Royal Monceaux (8e arrondissement), alors que le printemps s’installe dans la capitale et que les terrasses font le plein, que Ian Matthews a choisi de nous recevoir. Et il n’est pas venu les mains vides. Avec lui, toute la gamme Ron Colón qu’il est fier de nous présenter. Le sommelier, qui assiste curieux à la scène, s’empresse de nous apporter cinq verres adaptés pour la dégustation. Les choses sérieuses peuvent commencer.
Une vie de globe trotter
Mais commençons par le commencement, c’est-à-dire par l’étonnant parcours de Ian Matthews, Globe Trotter invétéré, qui parcourt la planète aux gré de ses expériences professionnelles. « J’ai débuté dans un bistrot français à Amsterdam qui possédait 1 cuillère (l’équivalent d’une étoile Michelin) en tant que plongeur. Petit à petit, j’ai fini par me retrouver en cuisine ! J’ai découvert en quoi consistait le travail d’équipe pour atteindre un objectif commun. »
La fibre commerciale dans le sang, Ian commence par vendre des snowboards dans les stations de ski. Barman la nuit, vrp le jour, le réseau commence à s’étoffer. Nous sommes au début des années 2000 et les ventes de l’entreprise autrichienne Red Bull explosent en Europe. Ian est recruté par la marque pour développer le marché africain.
Il y restera huit ans. « J’ai compris avec Red Bull ce que le public attendait d’une marque, l’envie d’être stimulé en permanence. Au cours de mon expérience africaine, j’ai mis tout en œuvre pour ne jamais m’ennuyer. » Basé en Tanzanie, il s’épanouit, rencontre sa future épouse et crée un le night-club « Club Sweet » (fermé aujourd’hui), où les pointures de la scène électro hollandaise affluent.
Son rôle était de démarcher les bars, restaurants et autres boîtes de nuit, former les équipes et construire des campagnes markéting pour séduire le public. La page africaine se tourne sans regrets, pour s’ouvrir sur une autre aventure.
D’audacieux rhums d’assemblage
Aujourd’hui à la tête de Proof Strength, qui distribue des spiritueux premium dans près de 90 pays, des Pays-Bas, jusqu’en Roumanie, en passant par la Tanzanie, Ian possède une vision globale des attentes des bartenders. Et il souhaite conquérir la scène cocktail mondiale avec des assemblages audacieux de spiritueux.
D’emblée il le reconnaît : « Ce qui fait la force de notre marque, c’est que chacun des associés possède un bagage solide dans le monde de la restauration. Nous connaissons l’attente des barmans et des clients. Proposer un rhum, maquillé avec de l’ajout de sucre n’était même pas envisageable » , insiste Ian du haut de son mètre quatre-vingt-dix.
Parmi les rhums apportés par Ian Matthews, le premier de la série intrigue. Le regard se porte sur le graphisme soigné de l’étiquette. Le colón, devise emblématique du Salvador (jusqu’en 2001) rendant hommage au célèbre conquistador Christophe Colomb, apporte de la personnalité à cette bouteille.
Le sourire en coin, Ian commence son récit : « En 2018, Pepijn Janssens et Thurman Wise, collègues et avant tout amis, décident de partir en Amérique du Sud pour trouver l’endroit idéal pour l’élaboration d’un rhum à destination des barmans/aids. Le Salvador, pays connu surtout pour son café (exporté à plus de 80%) retient leur attention.
Avec mes associés, nous voulions créer un produit qui soit le partenaire idéal du bartender moderne, insiste Ian Matthew. Notre Ron Colón Dark Aged 55,5° est un assemblage complexe composé de trois rhums vieillis à la source sans ajout de sucre. Le premier, âgé de six ans et distillé en alambic à colonne au sein de l’unique distillerie du Salvador (qui produit aussi Cihuatán).
Le deuxième, un rhum jamaïcain de trois ans, distillé en alambic charentais et le dernier, un rhum non vieilli distillé sur la célèbre île caribéenne. Une fois élaboré, la part des anges étant de 8 % au Salvador, les rhums sont rapatriés et embouteillés au Pays-Bas.”
Le rhum est ensuite infusé pendant 48 heures à température ambiante avec une café bourbon plantée à 1700 mètres d’altitude, au cœur d’une région volcanique, produit par la famille Trigueros.
Le résultat est étonnant, les notes délicates chocolatées amenées par le café viennent se mêler aux arômes subtils de bananes provenant du rhum. Sachant que ce rhum existe aussi dans une version avec un degré moindre : Ron Colon Coffee Infused 40,5°… et dans une version non infusée : Ron Colón – High Proof Aged Rum.
Un autre ovni vient compléter la gamme : un Rhumrye 50/50, composé d’un rhum du Salvador de six ans et d’un whiskey de quatre ans d’âge. Le résultat est déroutant : les notes torréfiées amenées par le vieillissement en fût de chêne prennent le dessus sur le rhum.
Et bientôt, un RhumZcal !
A présent la question se pose, la scène cocktail parisienne sera-t-elle réceptive à ces produits hybrides ? Pour Ian Matthews, pas de doute : « Nous sommes arrivés en 2020, la pandémie a freiné notre élan mais pas notre soif de conquête ! Avec Ron Colón nous avons déjà séduit 72 pays. Grâce aux retours positifs du rhum fest (2-4 Avril 2022) nous espérons accroître notre distribution. »
Le prochain lancement, prévu pour le mois de septembre, un RhumZcal (un rhum à 66 % assemblé avec un Mezcal à 33 %), risque de faire sensation chez les amateurs de la célèbre eau de vie mexicaine !