Nine Leaves, vie et mort d’une légende japonaise

Par Javier Herrera (texte et photos)

Comment parler du rhum japonais sans évoquer Nine Leaves, dont la disparition a laissé un vide pour les amateurs qui ont connu Yoshiharu Takeuchi, propriétaire et âme de l’entreprise ? C’est lui qui a propulsé la marque dans toute l’Europe, avec une présence dans les divers festivals. Une personne très charismatique et incroyable qui rayonnait de gentillesse et de sourires chaque fois que l’on s’approchait pour déguster ses rhums.

Nine Leaves

Nine Leaves a été fondée en 2013, le nom provient en réalité du blason de la famille Takeuchi, qui présente neuf feuilles de bambou, modifié pour devenir le logo du rhum artisanal japonais. Takeuchi a suivi une formation auprès d’Ichiro Akuto de la distillerie Chichibu, qui produit du whisky artisanal. Si vous n’avez pas encore goûté à leurs whiskys, je vous les recommande. Ils ne sont pas très chers pour la qualité du produit, c’est l’un de mes whiskys préférés du Japon.

L’eau de la grotte

Takeuchi a beaucoup appris de ses méthodes de travail et de sa vision des distillats, ce qui l’a aidé à identifier ce qu’il voulait créer : un rhum premium, en utilisant les techniques employées dans le monde du whisky artisanal. En général, on construit une distillerie là où vous avez suffisamment de canne à sucre, où l’approvisionnement est assuré.

Au Japon, la majorité de la canne à sucre est plantée en raison des conditions climatiques autour de l’île d’Okinawa, réputée pour son sucre brun kokuto, un sucre assez spécial appelé sucre noir d’Okinawa, plus foncé que le sucre brun classique des Caraïbes. Cela est dû à la façon dont il est fabriqué, ce qui donne un goût plus malté et légèrement salé.

Sachant tout cela, Yoshiharu a décidé de ne pas installer la distillerie dans cette partie du pays, conseillé par le maître Akuto, il a construit sa distillerie près de la ville d’Otsu (préfecture de Shiga, où l’on trouve aussi les rhums Boso). La raison en était de suivre les préceptes du maître Akuto et de trouver la qualité du produit grâce à la qualité de l’eau. Et c’est ainsi qu’il s’est installé près de la montagne Ishiyama, qui possède une source souterraine d’eau douce et pure.

Eh bien, cette source, si je ne me trompe pas, est à 150 mètres de profondeur. J’ai visité des centaines de distilleries à travers le monde et je n’étais jamais descendu aussi bas pour contempler l’origine d’une source. Descendre dans la grotte via les centaines de marches humides était une véritable aventure. Arriver au bout, voir et goûter cette eau vous faisait comprendre le sacrifice de construire la distillerie de Nine Leaves de ce côté du Japon. Un endroit idyllique au milieu de la nature.

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