International Sugarcane Spirits Awards : rencontre avec Cyrille Mald

International Sugarcane Spirits Awards

Rumporter : Bonjour Cyrille, vous avez annoncé récemment chez nos confères du Singlecast le lancement des International Sugarcane Spirits Awards, un concours d’un nouveau genre. Pouvez-vous nous dire de quoi il en retourne ? Qui sont les personnes à l’origine de ce projet ?

Cyr Mald : A l’origine, il s’agissait d’un constat de Ian Burrell du Rum Fest Londres (qui n’organisait plus de concours de dégustation dans le cadre de son salon) et de Cyrille Hugon et Anne Gisselbrecht du Rhum Fest Paris : utiliser l’expertise du Rhum Fest Paris en termes d’organisation de concours et l’aura de Ian pour une association Londres-Paris. Leur constat devint rapidement une évidence : pourquoi ne pas organiser ensemble un concours, sous une même entité et … surtout… quelque chose de différent, le diffuser ensemble et en profiter pour créer un vaste répertoire des spiritueux de canne à sucre, pour rassembler partout dans le monde.

Mais pour cela il fallait créer un concours moderne. Un concours qui réponde aux nouvelles aspirations des professionnel(le)s comme à celles des consommateurs finaux. Les juges devaient être des guides. Il fallait réunir les meilleurs d’entre eux, dans les meilleures conditions afin qu’ils délivrent un vrai message auquel les consommateurs pourraient répondre.

International Sugarcane Spirits Awards

R : En quoi ce concours de dégustation est-il si différent des autres ?

CM : Il est différent dans son mode de fonctionnement et dans sa connexion avec les producteurs, les prescripteurs et le consommateur final, à qui les résultats sont, en définitive, destinés.

Tout change car nous avons entièrement dématérialisé les process. Aussi, à l’issu des résultats, la totalité des fiches détaillés sont accessibles au public, ce qui devient de fait un guide de référence pour les spiritueux de canne. Un vent de liberté mais aussi d’ultra-précision, à tous les niveaux de la dégustation.

R : Si nous comprenons bien les jurés dégustent chez eux ? Pour quelle raison ? Leur imposez-vous un mode opératoire ?

CM : Ils dégustent chez eux pour avoir le temps et noter sans stress ni perturbation aromatique. Ils remplissent des scorecards électroniques pour que leurs analyses soient directement utilisables. Le mode opératoire est strict mais demeure évident pour chaque ultra-professionnel en question. Il y a une ligne morale et une ligne technique dont les conditions sont accessibles en ligne. Elles sont déjà très précises mais nous n’excluons pas de les renforcer encore si nécessaire. Nous allons pour cela ouvrir les suggestions aux professionnels et consommateurs du secteur.

En outre, chaque juge a été sélectionné, entre autres, pour son entière capacité à y répondre. Le jury est composé de 24 personnalités unanimement reconnues comme les plus compétentes dans l’univers des spiritueux de canne. Ils sont triés sur le volet en raison de leurs compétences mais également afin d’assurer une répartition géographique mondiale équilibrée. Ils agissent en binôme avec 24 experts suppléants (“Deputy Experts”). Ils reçoivent les échantillons dans le lieu de leur choix et ils ont un mois pour se prononcer sur les échantillons envoyés. Pourquoi ? pour qu’ils dégustent tranquillement sans pression intérieure ou extérieure, dans des conditions qu’ils connaissent et qu’ils jugent idéales.

R : En parlant de jurés avez-vous déjà des noms à nous donner ?

CM : Les noms sont parmi les plus connus dans l’univers des spiritueux de canne. Vous en connaissez la plupart, si ce n’est même tous. Tous les experts les plus appréciés seront présents. Nous attendons que l’ensemble des personnes contactées ait accepté pour diffuser la liste, mais je peux déjà en citer quelques-uns : Ian Burrell bien évidemment, Peter Holland, John Gibbons, Suzanne Long, Dirk Becker, Thanos Prunarus, Marco Graziano, Emiliano Pena Fernandez, Lisette Davies, etc.

R : Au niveau des catégories et de leur classification, quel parti pris a été le vôtre, et pourquoi ?

CM : Ça a été la question et la condition de départ. Afin d’être au plus près de la réalité du marché et permettre une représentativité idéale de chaque type de rhums, rums, rons, cachaças etc., nous sommes arrivés à une classification unique et propre à notre secteur.
Néanmoins, dans notre volonté de rassembler, nous avons été confrontés à 2 limites. La première a été d’exclure les spiritueux très fortement rectifiés qui tombent, quelle que soit la matière première, canne à sucre comprise, dans la catégorie des vodkas, à proprement parler ou à très peu de choses près.

La 2ème, par soucis de cohérence, est justement une restriction sur la matière première : tout spiritueux dont le distillat n’est pas 100% à base de canne à sucre ou dérivés a été exclu. Elle comprend 18 catégories, définies ensemble entre Ian Burrell, Alexandre Vingtier, Louis Marti, Marc Battais et moi-même ainsi que nombre d’experts du secteur. Elle a fait l’objet d’une unanimité mais rien n’est gravé dans le marbre, nous n’avons pas pour rôle de définir ou redéfinir le marché mais de l’accompagner. Ainsi il est tout à fait envisageable qu’elle évolue au fil des éditions. Je vous renvoie sur le site pour la découvrir.

R : Comment seront présentés les résultats ? D’après ce que nous avons compris, vous avez choisi d’aller plus loin que tous les autres concours en mettant en ligne les fiches de dégustation des jurés, information qui en effet est souvent jeté à la fin des concours. Pour quelle raison, comment allez-vous normer la chose pour la présenter ? 

CM : Alors pas tout à fait. Il a y ici 2 sujets, les résultats du concours, c’est-à-dire les récompenses, d’une part, et les fiches de dégustation de l’autre, qui concernent tous les participants, récompensés ou pas. Chaque juge verra ces appréciations transformées en graphiques visuels détaillés. Mais pour donner une image globale l’ensemble des graphiques de tous les juges seront cumulés pour donner le résultat le plus proche de la réalité. C’est ce graphique qui sera disponible. Ce sont ces données harmonisées qui seront visualisées et sur lesquelles les consommateurs finaux pourront s’appuyer comme guide d’achat, de recherche de profils aromatiques particuliers, ou de dégustation guidée pour approfondir leur compréhension. Nous prévoyons aussi de recueillir, entre autres, des avis de pertinence quant à ces fiches.

R : Pour finir, quels sont les modalités pour s’inscrire en tant que producteur de rhum ?

CM : Nous avons comme ADN le décloisonnement, unis pour le meilleur. Alors nous donnons rendez-vous à tout producteur, embouteilleur, distributeur, agence de représentation… de rhum, ron, rum, cachaça… sur le site pour l’inscription. Elle se fait en ligne et est guidée. On a vraiment essayé de faire au plus évident !

 

www.iss-awards.com