Par Fabien Humbert et Alexandre Vingtier
Qu’est-ce qu’un rhum ? Cette question ne cesse de tarauder les producteurs et les fins connaisseurs. Surtout que la réponse varie selon que l’on se trouve en Europe, aux USA, à Cuba en Inde, au Guatemala ou au Venezuela… car il faut bien faire concorder les règles locales de production et les règles imposées dans les grands marchés de consommation.
Dans ce dossier consacré à l’épineuse question de la définition du rhum (rum ou ron, légalement il n’y pas de distinction !), nous nous intéresserons aux trois principaux marchés : l’Europe, les Etats-Unis et le CARICOM (en gros les anciennes dominions anglais et néerlandais des Caraïbes).
Les réglementations d’Europe et du CARICOM sont structurées un peu de la même façon dans leurs premières strates. D’abord un texte supranational (règlement européen 2019/787 du 17 avril 2019 et le CARICOM Rum Standard) donne les grandes orientations, charge ensuite à chaque pays (par exemple la Jamaïque) ou à chaque région (par exemple la Martinique), d’adopter des règles plus contraignantes. Le marché américain semble plus nébuleux, car il existe peu de règles, et qu’elles s’appliquent essentiellement à des rhums aussi différents que les gros producteurs extraterritoriaux des Iles Vierges Américaines (Captain Morgan) et Porto Rico (Bacardí), ou aux petites distilleries ‘craft’ présentes sur le sol américain (et elles ne cessent de se multiplier).